Spectacle du théâtre Scrupule du Gravier (13) vu le 16 juillet à 15 h au théâtre des Carmes dans le cadre d’Avignon OFF 2019. Du 5 au 24 juillet sauf jeudi.
Mise en scène : Pauline Fontaine, Julien Tanner, Maxime Touron
Interprètes : Forbon N'Zakimuena, Julien Tanner, Maxime Touron
Création musicale : Forbon N'Zakimuena
Création et régie lumière : Pablo Hassani, Enguerrand Michelin
Création et régie son : Robin Hermet, Anthony Morant.
Genre : théâtre musical
Public : tout public à partir de 12 ans
Durée : 1H15
Le Scrupule du Gravier a choisi de mettre en scène l’Epopée de Gilgamesh, demi-dieu, roi d’Uruk, l’une des plus anciennes œuvres littéraires de l’humanité, écrite sur des tablettes d’argile dont on a découvert une partie à Ninive en Mésopotamie au VIIème siècle avant JC.
Gilgamesh, sorte de géant qui ne craint rien ni personne, tyrannise son peuple. Les habitants d’Uruk ne cessent de se plaindre auprès des dieux qui créent alors, pour le vaincre, un être à sa mesure, Enkidu. Après un combat mémorable - qui semblait devoir se passer sur un ring, mais que la Compagnie a transposé en une sorte de jeu « Papier/feuille/ciseaux » plutôt comique ! - Enkidu et Gilgamesh contre toute attente, deviennent amis. Ensemble, ils réalisent de nombreux exploits. Ils triomphent du géant Humbaba, gardien de la forêt des Cédres, et du taureau céleste que leur envoie la déesse Ishtar pour se venger de Gilgamesh… Les dieux prennent ombrage des affronts qui leur sont infligés et provoquent la mort d’Enkidu. Terrassé, Gilgamesh se lance alors dans une quête pour l’immortalité, qui le conduira aux confins du monde et l’amènera à prendre conscience de sa fragilité.
La proposition du Scrupule du Gravier est une sorte d’OVNI théâtral, un spectacle-concert mêlant jeu, récit, danse, musique hip hop, rap, sans oublier une bonne dose d’humour, porté par trois formidables comédiens-chanteurs. Sur le plateau nu, seuls trois micros sur pied sont positionnés, et une table de mixage/beat box occupe le fond de scène, maniée la plupart du temps par Forbon N'Zakimuena. Ainsi, l’accompagnement sonore et la musique font partie intégrante du spectacle. De même que la lumière, particulièrement étudiée, est un élément incontournable. A tel point, par exemple, que la scène de la création d’Enkidu par les dieux, très réaliste, éclairée par une seule lumière rasante, donne réellement l’idée du gigantisme du personnage.
Entre échanges avec le public (avant le spectacle, certains spectateurs sont salués nominativement comme des personnalités de la ville d’Uruk, et pendant le spectacle, les comédiens digressent fréquemment pour s’adresser au public) puis récit et mise en scène du récit, enregistrements en beat box, rap et hip hop, interprétation interchangeable des personnages, les comédiens dynamisent (pour ne pas dire dynamitent !) leur sujet et réussissent leur pari de rendre vivant ce mythe venu du fond des temps. Cette épopée devient ainsi une aventure moderne, qui aborde des thématiques intemporelles tels l’amitié, l’amour, l’apprentissage de la vie et la confrontation inéluctable avec la mort…
Cette proposition novatrice m’a impressionnée par la qualité de la mise en scène et du jeu, la variété des moyens d’expression mis en œuvre, l’interactivité bien pensée avec un public conquis. Ce spectacle me semble par ailleurs propre à réconcilier les adolescents avec les récits mythologiques réputés parfois soporifiques, et à leur prouver si besoin était que le théâtre peut aussi leur servir des périples qui n’ont rien à envier aux meilleurs road-movies…