TGP

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Le train zéro

 

 

Un spectacle produit par la compagnie Image et 1/2 (93) et vu au TGP le 17 janvier 2020.

 

Texte : Iouri Bouïda

Mise en scène : Aurélia Guillet

Comédiens : Miglen Mirtchev

Genre : théâtre

Public : adulte

Durée : 1H

 

C’est un peu par défaut que je suis allée voir « le train zéro », l’autre spectacle du mois de janvier au TGP ayant été décalé à la saison prochaine. Par défaut ou pas, j’ai assisté à un très beau spectacle et découvert un auteur dont j’ai acheté le livre.

 

« Le train zéro », c’est le « désert des tartares » au pays des soviets. Mais à l’absurde d’une situation reconduite indéfiniment, s’ajoute toute l’horreur du totalitarisme. Ivan, le narrateur, raconte le quotidien d’une colonie ferroviaire dont la seule finalité consiste à assurer le passage quotidien  et « ric-rac » du train zéro, « 100 wagons, deux locomotives devant et deux derrière ». D’où vient-il, Où va-t-il ? Que transporte-t-il ? C’est un secret et « les secrets sont toujours contre les hommes ». La suite le confirme. Ivan nous raconte comment la bête, symbole de tout le système idéologique, emporte peu à peu tous ses proches dans des fins tragiques.

Seul en scène, légèrement sonorisé, le comédien Miglen Mirtchev a la stature du rôle : un léger accent slave, une belle voix grave, un physique de bucheron. Malgré ce corps qui en impose, il sait se faire tendre. Il évolue dans un décor à l’unisson du texte, lugubre. La pièce se joue dans la salle dite « du Terrier », qui porte admirablement son nom et qui est une véritable aubaine pour la pièce. Elle se situe en sous-sol et ressemble à un ancien parking, en béton brut de décoffrage. Elle est agrémentée de deux allemandes en bâches transparentes. Celle du fond sert occasionnellement d’écran. La lumière, très belle, fait surgir d’autres espaces que l’on identifie grâce à un simple accessoire (une table, une chaise, une lampe à pétrole) ou aux bruitages. Cette économie de moyens permet de faire ressortir la force de la narration. J’aurais été encore plus loin dans cette parcimonie : certaines paroles se suffisaient à elles-mêmes sans avoir besoin d’être soulignées par un signe extérieur redondant, objet scénique ou voix off.

 

« Le train zéro » est une heureuse découverte tant d’un point de vue littéraire que théâtral.

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