Le blog VivantMag vous offre une veille artistique régulière sur les créations de spectacles vivant en France. Il est destiné aux programmateurs réguliers ou occasionnels, aux compagnies, mais aussi aux spectateurs. Le blog est édité par l'association Adadiff Casi, dédié au spectacle vivant et à la médiation culturelle. Si vous souhaitez nous rejoindre pour chroniquer des spectacles, vous pouvez nous contacter sur le site ou par mail à contact@vivantmag.fr
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Avec plus de 1.200 spectacles commentés sur ce blog, les correspondants Vivantmag - AdAdiff, ne se posent pas en censeur du spectacle, loin de là. Nous souhaitons seulement faire partager un
point de vue, forcément subjectif, sur les spectacles que nous voyons. Chaque retour de spectacle est ouvert à vos propres commentaires, et n'hésitez pas à en laisser car ils enrichissent ce
travail d'échange et de partage d'informations.
Pour faciliter la lecture des spectacles, nous mettons désormais en place un picto permettant de donner notre avis général sur le spectacle. En voici le détail : Décevant Moyen Pas mal... Bien ! On adore !!!
Découvrez tous les spectacles commentés par les correspondants de Vivantmag, et présents sur le Off 2014 d'Avignon. Certains ont été vus à leur création, en salle ou sur d'autres festivals, ou
sur des précédentes éditions du Off. Grâce à un travail de veille artistique tout au long de l'année, l'Adadiff met à votre disposition son équipe de correspondants et vous permet de disposer
d'un regard extérieur et indépendant pour faciliter votre choix. Commentaires ici...
Spectacle de la Compagnie Le Chêne Noir (84), vu au Chêne Noir à Avignon (84), le dimanche 19 décembre 2021 à 16h.
Auteur : Julien Gelas
Mise en scène : Gérard Gelas
Comédiens : Alain Leempoel, Didier Brice, Andréa Brusque, David Talbot, Emmanuel Lemire, François brett
Genre : Théâtre
Durée : 1h50
Une farce politique, provocante et actuelle, que je souhaitais découvrir pour sa création sur le beau plateau du Chêne noir, où le public était présent aux deux tiers pour cette matinée dominicale ensoleillée.
Nous voilà au cœur du pouvoir, dans le bureau du président de la
République où l’on découvre dans un décor très théâtral, les échanges entre ce dernier et son premier conseiller sur la façon de gouverner le pays et donc le peuple. Seul ou en écoutant les autres ? Sérieusement ou en jouant ?
Un brin Vaudeville tant ces situations sont improbables, nous apprenons rapidement que la fille du conseiller, Éléonore, sous le pseudo de Miss Balaize est l’une des figures contestatrices les plus radicales du président à travers ses publications en ligne. De plus elle est « pilotée » en sous main par son père, lui même opposant au président, et personne ne doit le savoir…
Et bien sur le président l’apprend et pour cela engage la fille au sein de son cabinet avec un deal : si elle change d’avis sur le président après quelques mois, elle détruit son site et son million de followers. Sinon, elle continuera…
Eléonore apporte un vent de fraîcheur dans le monde bien pensant et patriarcal des hommes du pouvoir, mais on voit bien qu’elle bascule doucement, fait évoluer son jugement et se laisse séduire par les attributs du pouvoir. C’est effectivement l'un des risques du pouvoir.
Nous partagerons ainsi les arcanes de la manipulation politique, les charmes de la corruption et du chantage, les méandres du pouvoir et de l’entre-soi. Les comédiens, notamment Alain Leempoel aux faux airs de Macron, sont tous formidables et portent avec crédibilité leurs personnages, même dans les situations les plus scabreuses (celle entre les deux conseillers restera dans les anales ;-) .
Ils nous distillent de nombreuses pépites macronistes (« ceux qui ne sont rien », « traverser la rue pour trouver du travail »,...) font référence aux gilets jaunes, et encore plus prêt de nous, nous rappellent les incohérences des annonces du gouvernement en début de pandémie. Et même au théâtre, cela reste largement en dessous de la réalité !
J’y ai trouvé quelques longueurs- au-delà des longs changements de plateaux qui apportent une respiration à des scènes très denses- et la fin, un peu cousue de fil blanc, était attendue.
Mais il reste un beau plaidoyer sur la place du président et son hyper pouvoir au sein de l’organisation de l’Etat, ouvrant la porte à toutes les manipulations et décisions unilatérales possibles.
J’ai même entendu un spectateur à la fin du spectacle dire « c’est un peu du Molière ». Un peu exagéré, même en cette année de commémoration, mais une proposition un peu piquante et actuelle... on ne va pas bouder son plaisir.
Spectacle de la Compagnie Freddy and co (75/84), vu à l’Espace 409 à Bédarrides (84), le 29 octobre 2021 à 20h30.
Chansons de Georges Brassens
Intérprètes :
Freddy Bitan : chant et guitare
Laurent Astoul : contrebasse
& Choeurs
Genre : concert
Durée : 70 mn
Un nouveau projet pour le centenaire de la naissance du grand Georges, avec un concert racontant la vie de Brassens à travers ses chansons. La compagnie a été invitée par les amis de Jean Ferrat. Belle idée que je suis allé découvrir dans une salle de spectacle tout à fait honorable, au 409, l’espace culturel de Bédarides,
Sur scène, Freddy à la guitare, accompagné de Laurent Astoul à la contrebasse et de trois choeurs complémentaires, commencent avec « la mauvaise réputation ». Freddy entrecoupe chaque chanson, d'anecdotes ou d'interprétations entre sa vie et les chansons de Brassens pour faire le lien : Sète, Paris, Jeanne...
Le choix du répertoire, avec beaucoup de chansons très connues (il y en a tant, et mes sept années passées à Sète m'ont permis d'en découvrir encore plus l'étendue) mais aussi quelques chansons plus confidentielles, permettent une vraie vue d'ensemble sur cet homme de combat poétique, ancré dans la réalité. Les chœurs - notamment sur les filles de joie- ou l'harmonica qui intervient de façon occasionnelle sur quelques chansons, apportent une vraie particularité à l'ensemble. Ainsi que l'ouverture des « bancs publics » slamée et amenant une touche plus contemporaine à ce récital.
Pourtant, il me semble que la construction et la narration de ce « roman de Brassens » méritent d'être plus développées – tant dans sa présentation que dans son interprétation- pour en faire un vrai spectacle construit autour de cette histoire formidable de la chanson, de la vie et de l'amour, de l'amitié et de la mort.
Spectacle produit par la Cie La feuille d'automne (75)et vu au Théâtre libre le19 novembre 2021.
Conception et chorégraphie : Philippe Lafeuille
Danseurs : David Guasgua M., Julien Mercier, Benoit Peillon, Vincenzo Veneruso en alternance Kevin GIBBS, Marc Behra, Vincent Simon
Genre : Danse
Public : Tout public
Durée : 1h20
Tutu : le titre donne le ton ! Six danseurs-comédiens performent en tutu et en ballerines dans un spectacle de danse irrésistible de drôlerie ! Le show musical déjanté « Tutu »mêle la fantaisie, le travestissement, l'émotion, la poésie, la musique classique et le rock n'roll...les Chico Mambos sont de retour à Paris et mettent le feu en une vingtaine de tableaux tous aussi drôles ou poétiques. Des danseurs en tutus capables de performances sur pointes pour une adaptation plutôt déjantée du « Lac de Cygnes », une reprise « chaude »de « Dirty Dancing » hilarante : les Chico Mambos revisitent les grands standards du ballet et les genres d'expression corporelle, en parodiant la danse classique et ses codes un peu étriqués.
Leur drôlerie est communicative : on rit souvent, surpris par le détournement des costumes (les canards ébouriffés en ouverture du spectacle donneront le ton) ou la multitude de perruques multicolores. L'émotion est aussi bien transmise par un solo magistralement interprété car la dérision côtoyant l'exigence, ce spectacle est autant un divertissement qu'une performance.
Le spectacle terminé, le chorégraphe Philippe Lafeuille vient vérifier que nous avons bien tous été "Tutufiés" avec une persuasion pour le moins bluffante ! (en moins d'une minute la salle entière lève les bras et chante à l'unisson...). Un spectacle frais et revigorant, performant et joyeux.
Spectacle de la Compagnie Un euro ne fait pas le printemps (38), vu au Festival des petites formes de Montfavet (84), le 16 octobre 2021 à 15h30.
Texte et interprétation : Heiko Buchholz
Genre : Théâtre décalé en déambulation
Durée : 45 mn
Une compagnie iséroise bien barrée, que je voulais voir depuis longtemps et que j’ai pu découvrir avec plaisir pour cette seconde édition d’Automne, du festival des petites formes, partenaire de VivantMag. Un week-end toujours très agréable, permettant de découvrir des entre-sorts ou des formes courtes.
Mr Martin, de l'agence de voyage "Safari Ici" nous accueille dans son costume gris étriqué, pour participer à ce fameux safari permettant d'aller à la découverte des autochtones présents tout autour de nous : il nous offre ainsi un regard sur l'humain comme une espèce inconnue.
Après un premier briefing préparatoire pour cette plongée in situ -et la distribution du matériel promotionnel nécessaire pour l'excursion- nous voilà partis pour une ballade de 30 mn, où chaque rencontre est l'occasion d'une distorsion du quotidien. Les maisons, les voitures, les magasins sont autant d'occasions de porter un regard critique et drôle sur notre société et son fonctionnement. Heicko Buchholtz, auteur et comédien, avec son petit accent teuton et son sérieux de bout en bout, nous offre un regard sur l'autre, teinté d'observations sociologiques, d'interprétations décalées et de sciences approximatives pour dépeindre et mieux connaître comment cette espèce si particulière, et faite de contradictions si flagrantes, se comporte, se nourrit et se reproduit.
Un vrai régal entre surréalisme et clichés. A découvrir et faire partager largement.
Cette année le Festival Label Rue fêtait son 10ème anniversaire de présence à Rodilhan. Porté par l’association EUREK’ART qui soutient la création pour l’espace public et les projets de territoire depuis 25 ans, ce festival représente un temps fort :
deux jours de spectacles dans cette petite bourgade du Gard, une quinzaine de compagnies professionnelles des arts de la rue, des spectacles gratuits, un village d’entresorts en caravanes, des Food trucks et buvettes avec produits locaux.
Cela fait plusieurs années que j’y viens en famille, l’ambiance y est toujours chaleureuse et familiale, les spectacles de qualité, avec une grande variété de propositions, bref une date de rentrée à marquer d’une croix dans votre agenda !
Chimères
Par La Compagnie Mesdemoiselles(49)
Artistes acrobates : LaureBancillon, Claire Nouteau, Anna Von Grunigen
Artiste musicien : Colin Bosio
Genre : Cirque
Public : tout public
Durée : 35 minutes
Chimères est un spectacle mêlant cirque, musique et danse. Les acrobates de cirque (corde volante, corde lisse, contorsion) nous offrent leurs prouesses, tout en déséquilibre, suspension, désarticulation.
Tantôt seules, tantôt entremêlées comme pour se soutenir….ou rendre l’équilibre encore plus instable ?
Elles ont cette fois décidé de ne pas résister à d’autres sirènes et de s’essayer au chant et à la musique, comme un rêve d’enfant, ou une prise de risque supplémentaire ? Accompagnées par un musicien en live elles n’hésitent pas à mélanger les genres ce qui pourra plaire ou ennuyer.
Pour ma part j’ai accepté l’invitation à rêver.
Made_in
Par La Compagnie Subliminati Corporation (31)
Auteurs : Mikel Ayala, Ilaria Senter
Interprètes : Mikel Ayala, Ilaria Senter
Mise en scène : Virginie Baes
Genre : Cirque/Théâtre
Public : tout public à partir de 8 ans
Durée : 1H
Le propos se passe devant une maison, lors d’un déménagement : l’occasion rêvée pour se replonger dans ses souvenirs d’enfance. Les deux adultes en présence vont reconvoquer leurs jeux, comptines, objets, photos et promener les spectateurs entre ces deux univers. Chacun est invité à regarder à partir de ce qu’il a été ou de ce qu’il deviendra. Double lecture, donc, à hauteur d’enfant ou d’adulte.
La pièce mêle l’utilisation d’un mât chinois, du jonglage (massues et hula-hoop), la manipulation inventive d'objets et de matériaux divers (cartons, papiers, fumées…), la projection, le chant, la musique. On sent que les acteurs-créateurs se sont laissé porter par leurs rêves d’enfants.
Un curieux désordre naît de tout cela. Un désordre poétique qui, tels les souvenirs qui nous ne nous arrivent jamais dans l’ordre et sont toujours réinventés, joue davantage sur l’émotion que sur la démonstration.
Les conditions de jeu n’étaient pas idéales : pas vraiment une maison, vent qui déstabilisait les marionnettes en carton, mais malgré tout j’ai aimé ce voyage au pays de l’enfance, mes propres souvenirs ont accepté la proposition.
Ce spectacle se joue tant en salle qu’en extérieur et doit donc sûrement varier en fonction des contextes.
Johnny, un poème
Par Les Compagnies Gérard Gérard (66) et Rhapsodies Nomades (34)
Porteurs du projet, jeu, écriture, mise en scène : Alexandre Moisecot et Chloé Desfachelle
Pilote de la pelleteuse et jeu : Arnaud Mignon,
Genre : théâtre de rue
Public : tout public à partir de 6 ans
Durée : 1H15
Un spectacle sur Johnny dans un festival de théâtre de rue, on ne s’y attend pas vraiment. Le public n’est donc pas forcément acquis car si on aime le théâtre, osera-t-on (s’) avouer qu’on aime Johnny ?
Alors on y va pour voir, pour sourire et puis la promesse d’un spectacle avec une pelleteuse comme personnage à part entière ça donne quand même envie d’avoir envie !
Et je serai bluffée : quelle énergie !
En même temps c’est normal quand on se rêve Johnny autant y aller jusqu’au bout et allumer le feu. L’arrivée sur scène se fera dans une pelle hydraulique « parce que ça se loue partout, parce qu’un hélico c’est surfait et qu’une Harley c’est trop cher » et le reste y sera aussi : la voix puissante, la musique qui prend au ventre…
Mais il y aura de la contradiction car nous ne sommes pas tous fans de Johnny.
Alexandre, dans Johnny, il y est tombé quand il était petit et il restera toujours le lien indéfectible avec son père. Quant à Chloé, elle a plutôt grandi avec Barbara ; Johnny c’est vraiment ringard.
Alors ils vont se répondre, s’invectiver pendant 1h15. Leurs échanges seront ponctués du discours-hommage d’Emmanuel Macron, de citations de Victor Hugo ou de Virginie Despentes, d’une interview de Lucchini, d’une lettre de Laura Smet et même d’une séquence de l’école des fans.
Parce qu’ils ont tout lu sur Johnny, parce que tout ce qui est raconté est vrai, ou fait partie de la légende (ce qui revient au même !), parce que la voix d’Alexandre porte à merveille les morceaux choisis, alors oui ça fonctionne.
Un dernier mot sur la pelle hydraulique, sûrement un pari fou ou un rêve de gosse. Mais elle est devenue un personnage à part entière, comme une immense marionnette dont la puissance donnera parfois le frisson, pari gagné !
Alors parce qu’on a tous quelque chose à voir avec Johnny, parce qu’on a tous quelque chose à en dire, on se laisse prendre au jeu, et je n’étais vraiment pas la seule !
La beauté du monde, témoignage du 3ème type
Par La Compagnie Qualité Street, Lorient (56)
Comédien : Gildas Puget
Genre : Théâtre
Public : tout public à partir de 10 ans
Durée : 50 minutes
Il est 21h, j’ai déjà vu plusieurs spectacles dans ce très sympathique Festival Label Rue, j’hésite même à rester car j’en ai déjà plein les yeux mais l’ambiance m’invite à ce petit « effort ». Je ne serai pas déçue car me voici embarquée dans l’univers surréaliste de cet illuminé de la protection de la planète.
Un texte ciselé, des expressions et mimiques impressionnantes. Il y a à la fois du Jim Carrey et du Raymond Devos dans ce personnage fantasque. Nous sommes dans le monde de l’absurde, dans un imaginaire totalement débridé et qui malgré tout nous amène à réfléchir sur ce que nous voulons pour l’avenir de notre planète et donc le nôtre. Les aventures rocambolesques de Mickaël Robinet, à la fois drôles et pathétiques, nous transmettent avec intelligence un message puissant et un final où chacun est interpelé.
Un vrai régal, à diffuser sans modération !
L’objetarium
Par La Sphère Oblik (34)
Direction artistique, construction et jeu : Sidonie Morin & Johan Schipper
Genre : Théâtre d’objets en caravane
Public : tout public à partir de 10 ans
Durée : 20 minutes (en continu)
Jauge : 5 personnes
Les caravanes sont devenues un incontournable des festivals. Elles fleurissent sur les terrains et rivalisent tant dans leur décorum que dans l’originalité de leurs propositions.
Mais pour moi c’est toujours avec plaisir et curiosité que je pénètre dans cet espace restreint et clos, me sentant à chaque fois privilégiée car bien souvent des spectateurs qui n’ont pas réservé restent dehors avec leur frustration !
Là encore la découverte est surprenante, poétique, magique. De vieux objets qui reprennent vie grâce à l’imagination et à l’habilité des créateurs. Une femme, telle un horloger équipé de sa lampe/loupe frontale prend minutieusement soin de cet oiseau de fer et de plastique. Dans les vitrines et sur les étagères, trônent de drôles de créatures. Il faut se retourner avec délicatesse, sans se gêner les uns les autres, pour admirer ce « fer-volant », cette « brosse-araignée », ou se laisser émouvoir par ces « objets en voie de disparition » (cassettes audio et autres objets à la fois si proches et si lointains).
Nous participerons délicatement à l’enterrement d’un vieil appareil photo et assisterons à l’envol d’une théière…Je ressors les yeux papillonnant de mes souvenirs d’enfance !
Un beau moment surréaliste et onirique.
GASTON (Grande Assemblée Spectaculaire des Troubadours de l’Orchestre Narratif)
Par La Compagnie Fatras (30)
Genre : Musical
Public : tout public, à partir de 8 ans
Durée : 1H15
En quelques mots : si vous souhaitez donner de la pêche à une soirée, un festival ou tout autre évènement, alors n’hésitez pas.
Un concentré d’énergie, de bons musiciens, du partage, Gaston nous invite à un voyage autour du monde : chaque musicien et donc chaque instrument nous convie dans son univers…
En ce dimanche soir, un moment de clôture du festival vraiment réussie, je repars avec de la fête plein la tête.
Un spectacle produit par la Compagnie Vertical Détour (93) vu le 27 septembre 2021 à la Villette.
Texte : Frédéric Ferrer
Comédiens : Frédéric Ferrer
Genre : Conférence gesticulée
Public : tout public
Durée : officiellement 1H30 (mais 2H ce soir)
Grâce à Frédéric Ferrer et à son projet un peu fou de présenter, en vue des JO de 2024, 4 disciplines olympiques par saison théâtrale (une date unique à chaque fois) jusqu’au début de l’évènement sportif, je vais finir par devenir une pro du sport…..en salle ! Après le 100m, le marathon et le handball (chroniqués), Frédéric Ferrer nous invite ce soir à découvrir l’escrime.
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-Le dispositif de base est le même, le décor itou. A cour, un pupitre avec ordinateur pour la conférence gesticulée. A jardin, un coin interviewe pour l’accueil, en seconde partie, d’un sportif de haut niveau, spécialiste de la discipline. En fond de scène, un écran.
- Sonorisé, Frédéric Ferrer entreprend sa conférence. Contrairement aux précédentes soirées notre homme fait l’impasse sur la présentation globale du projet. Parce que «l’escrime est aussi vaste qu’un continent ; c’est un continent », mieux vaut aller droit au but. Enfin façon de parler et c’est tant mieux car là réside la performance théâtrale.
-En 50 minutes et avec un débit de paroles ahurissant, Frédéric Ferrer nous explique pourquoi la France -et depuis Laura Flessel, les outremers - est particulièrement performante dans une discipline plurielle (sabre, fleuret et épée mais aussi escrime olympique, escrime artistique, escrime ancienne et historique) qui use exclusivement du français. On apprend l’origine probable du sport (la fameuse séquence de l’australopithèque) sa codification, sous forme de duel ordalique par le roi burgonde Gondebrard, sa portée frondeuse sous l’ancien régime, et sa démocratisation sous forme de duel d’honneur à l’époque moderne. Chacune des étapes est l’occasion d’entrer plus avant dans les subtilités techniques de ce qui deviendra un sport.
Voilà pour le côté docte. Mais Frédéric Ferrer est un vulgarisateur hors pair et un homme de théâtre. La partie scientifique est donc accompagnée de tout un dispositif : le fameux powerpoint d’abord sans lequel notre professeur tournesol ne saurait étayer sa démonstration ! Chaque propos est illustré de façon obsessionnelle au cas où, par exemple, nous ne saurions à quoi ressemble l’Afrique ou le château de Saint-Germain-en-Laye. Quel rapport avec l’escrime ? C’est ce à quoi à répondent les innombrables digressions.
-Les digressions sont le deuxième procédé théâtral. Plus drôles les unes que les autres, elles ne sont jamais gratuites mais permettent au contraire d’approfondir de façon ludique le sujet. Frédéric Ferrer convoque donc, entre autres, Dark Vador, Henri II, la famille Dumas sur quatre générations, Sarah Bernhardt et même Gaston Deferre et Le Pen père. Je vous laisse le loisir de chercher le rapport des uns et des autres avec l’arme blanche.
-Nul doute pour les invités de ce soir : Florence Léguy, maître d’armes et conseillère en escrime artistique au théâtre et au cinéma ; Peter Yohan, multi-médaillé au sabre handisport. Ils sont intarissables sur leur discipline et nous aide, par une leçon et une démonstration de combat en direct, à comprendre les règles propres à chacune des armes.
-Grâce à Fréderic Ferrer et à ses invités, j’apprivoise peu à peu un domaine qui m’est totalement étranger, le sport. A chaque fois, Frédéric Ferrer montre une passion inouïe et contagieuse. J’ai particulièrement apprécié, ce soir, l’ouverture au handisport qui mérite tant d’être enfin médiatisé.
Un spectacle produit par la compagnie les enclumés (71) et au détour de la fête de Fontenay-sous-Bois le 25 septembre 2021.
Genre : marionnette
Public : tout public
Durée : 3x50 secondes
Chronique impromptue pour un spectacle qui ne l’est pas moins ! C’était fête et vide-grenier à Fontenay-sous-Bois. Au détour de la Halle Roublot, un dispositif minuscule-le théâtre miniature du cyclope à trois roues, vante un spectacle de 50 secondes. Une merveille.
Une pancarte patinée à l’ancienne propose le programme. 3 spectacles à l’affiche : « l’inconnu », « l’inconnu pour mieux vous plaire » et « l’inconnu de la mort qui tue ». A coté, sur un vieux socle de machine à coudre, deux petits caissons juchés l’un sur l’autre et percé d’un judas. Un écriteau rappelle la consigne « n’ouvrez jamais votre porte à un inconnu ».Derrière, sur un marche pied, le manipulateur avec un casque. Devant, on colle son œil au judas, on chausse le casque et que le spectacle commence.
J’ai choisi « l’inconnu pour mieux vous plaire ». A travers le judas, un palier en perspective avec trois portes dessinées. Un petit loup déguisé en grand-mère, simple silhouette de papier actionné par une tige, se précipite vers mon judas et entreprend avec force imagination et bruitages de me convaincre de lui ouvrir la porte. Je n’en dis pas plus : c’est poétique, drôle et magique.
A adopter par toutes les mairies désireuses de réussir leur fête municipale !
Un spectacle créé par A.L.R.I.C production (75) et vu au théâtre-cabaret « Les rendez-vous d'ailleurs » le jeudi 16 septembre 2021.
Mise en scène : Elodie Chanut
Interprétation : Aladin Reibel
Public : tout public à partir de 10 ans
Durée : : 1h20
L'auteur, Claude Duneton, a grandi dans l'enfer de l'enfance paysanne de l'entre-deux guerres. L'eau du puits gelée en hiver, les bêtes à surveiller et des parents pour le moins rugueux ont appris à cet enfant unique à éviter les coups de sa mère, excédée par nature et méchante par habitude. Le père, lui, est marqué par la guerre de 14 et n'a aucune autorité sur sa femme, son unique enfant ou cette chienne, Rita, qui « ne sert à rien » ; la mère quant à elle est persuadée que l'enfant « finira mal » et que « les maisons de correction ne sont pas faites pour les chiens ». L'enfant et la chienne Rita avec son comportement atypique formeront ce binôme (deux bouches inutiles à nourrir) qui n'a qu'un but : éviter les coups et supporter leur chienne de vie...L'auteur rend un sensible hommage à cette chienne, cette sœur qu'il n'a pas eu.
Le comédien Aladin Rebeil, seul en scène, ne joue pas Claude Duneton, il EST l'auteur tant sa verve et son humour acide sont parfaitement déclamés. La rudesse du propos n'est pas dénuée d'humour et l'on rit beaucoup, car il donne vie à ce texte jubilatoire de patois, de sautes d'humeur truculentes et de mots d'esprits. Cette enfance niée dans un monde rural où on ne fait pas dans le sentiment, où les insultes fusent trop facilement, où il grandit à la « va que j'te pousse » avec l'eau du puits qui gèle en hiver, Aladin Rebeil nous la retrace avec émotion et un grand talent. Il est accompagné en musique par l'accordéoniste Michel Glasko qui apporte une touche de nostalgie bien amenée à ce spectacle de qualité. A ne pas rater.
Un spectacle produit par la Compagnie Les filles du renard pâle (51) et vu au Théâtre du fil de l’eau (Pantin) le 17 septembre 2021.
Création collective sous la direction de Johanne Humblet
Circassienne : Johanne Humblet
Chant : Virginie Frémaux
Genre : cirque
Public : tout public
Durée : 50 minutes
En signe d’ouverture, la soirée inaugurale du Théâtre du fil de l’eau se tenait en plein air, au bord du canal. Des années que je n’étais pas venue et les lieux ont bien changé ! De presque sordides, les quais ont été réaménagés en une fort jolie promenade. C’est dans cet écrin qu’environ 400 personnes ont pu assister au spectacle et que d’autres, exclus de facto par le pass sanitaire, ont néanmoins pu suivre « Résiste » de l’autre côté des barrières.
« Résiste » par son dispositif scénique se donnait à voir de près… ou de plus loin : un portique pour fildefériste d’une hauteur peu commune. Le fil est à hauteur variable et souvent incliné. Au pied du pilier, à cour, une petite scène.
En haut, la circassienne exploite toutes les possibilités de son agrès. Du fil classique, un peu ; du trapèze fixe parfois ; un mélange de fil et de mât chinois le plus souvent. A l’aide de cette grande tige et à la faveur de l’inclinaison du fil, elle semble parfois avancer en luttant contre les éléments. J’ai particulièrement aimé les équilibres sur la tête et les mouvements de pendule créés grâce au mât.
Tandis qu’elle évolue dans les airs, sa comparse l’accompagne de ses chants envoutants sur une bande son pré-enregistrée ou au luth électrique. La sono est très forte. Les fumigènes blancs et violets sur une lumière orangée créent des images fortes.
« Résiste »est moins un spectacle qu’une performance. La trame narrative est tenue et le rapport au titre n’est pas des plus évidents. Le démarrage est par ailleurs un peu lent et la prestation aurait gagné à éviter quelques poncifs (Détacher ses cheveux, ôter un manteau fort encombrant pour montrer qu’on est une femme libérée !). Néanmoins, « Résiste » est une performance plaisante pour annoncer haut et fort la réouverture du théâtre.
Spectacle de la compagnie Ahmed Madani (93) vu au Théâtre des Halles lors du festival d’Avignon OFF, entre le 7 et le 28 juillet 2021, à 11h.
Texte et mise en scène : Ahmed Madani
Interprètes : Aboubacar CAMARA, Ibrahima DIOP, Virgil LECLAIRE, Marie NTOTCHO, Julie PLAISIR, Philippe QUY, Merbouha RAHMANI, Jordan REZGUI, Izabela ZAK
Genre : Théâtre contemporain
Public : Tout public
Durée : 1H20
A la fin du spectacle, après les applaudissements et les bouquets de fleurs portant le sourire jusqu’aux larmes, Ahmed Madani remercie tous ceux qui lui ont fait confiance et lui ont permis de mener à bout ce projet, parce qu’au début, il ne savait pas vraiment de quoi parler. Il savait seulement qu’il voulait donner la parole à ceux qu’on n’entend pas souvent, pas assez, les jeunes des quartiers. Il en a rencontrés et recueilli leurs témoignages pour composer un texte souvent intime, poignant et drôle.
Porté sur le plateau par neuf interprètes, le texte nous parle d’amour, de sexualité, d’héritage, de religion, d’amitié, mais surtout d’amour. De l’amour qui les a fait naître, de l’amour qu’ils recherchent (« s’il y a une fille dans la salle qui serait intéressée par moi elle peut me contacter à ce numéro 0646… »), de l’amour qu’ils ressentent, partagent ou ne pas partagent pas, et de tout ce qui entoure et prépare cet amour (« bonjour madame, c’est quand la première fois que vous vous êtes masturbée ? », « je peux danser avec toi ? », « tu m’aimes ? »)
L’oralité du texte permet aux comédiens d’adopter un ton très naturel, décontracté, sans que les corps ne se relâchent ; ils se tiennent et dansent en groupe, par couples ou non, au devant de la scène ou dans ses marges pour donner du rythme aux transitions. Il n’en manque jamais, du rythme. Outre les chorégraphies et les chants d’une justesse saisissante, tout un jeu de pantomime se déploie, souvent avec subtilité lorsqu’il s’agit d’abattre les tabous sur les manières de faire l’amour (voilà comment papa-maman m’ont fait) mais avec un peu de lourdeur lorsqu’un comédien se laisse entraîner par son personnage de religieux (répétition en long, en large et en travers d’une prière) : les autres comédiens sortent de leur rôle pour le faire sortir du sien, et moi je n’aime pas trop cette sorte de comique qui brise le théâtre parce que nous aussi on doit sortir de leur histoire pour faire semblant de rire.
Mais il y a tant de belles trouvailles scénographiques qu’on pardonne aisément ces quelques facilités comiques : très belle scène dans laquelle une myriade de téléphones portables éclaire les visages de ces amoureux transis, torturés par la distance et qui font un téléphone arabe dont le volume augmente, se disperse avant de se transformer en cacophonie. Superbe trouvaille aussi que ces cartons cadrés par le bord de la vidéo dans lesquels les comédiens en proie à quelque chose sont repliés. En proie à quoi ? Au doute, à la peur, à l’espoir ? En proie à quelque chose qui pourrait être un regard, une question, une indécence ou une incandescence qui aveuglerait tout en offrant le pouvoir d’éclairer.