Festivals pluridisciplinaires de repérage régional organisés par le Cercle de midi (Paca/Corse) et le maillon (Rhône/Alpes), fédérations régionales de la FNTAV (Fédération des Nouveaux Territoires des Arts vivants).

C’est toujours un grand moment que de participer à ces festivals, fruits du travail de repérage des membres du réseau des deux fédérations régionales de la Fédération des Nouveaux Territoires des Arts vivants (FNTAV) - 51 structures adhérentes sur ces deux régions en 2015 -, en vue de favoriser l’émergence, le repérage et l’accompagnement des compagnies locales. L’objectif est de s’appuyer sur la réalité du terrain, pour faire découvrir et partager le travail de compagnies de la région, afin de leur ouvrir les portes d’éventuelles programmations dans le réseau régional, mais aussi d’une programmation potentielle sur le festival national « le Chainon Manquant », à Laval en septembre 2015, accueillant quelques 250 programmateurs. Autant dire, un beau challenge !

C’est aussi l’occasion de diffuser aux professionnels présents, le catalogue Vivant 2015, dans le cadre d’un partenariat de longue date, et d’échanger avec les uns et les autres sur cette question de l’ouverture des réseaux, de la diffusion des compagnies et de la mutualisation, questions centrales pour les années à venir.

J’ai pu voir cette année plusieurs spectacles (en ligne prochainement), « Tania’s Paradise » (cie Attention Fragile), « le K » (Groupe Maritime) et « Monsieur Agop » (cie La Naïve) pour PACA et « Duo Bonito » (Les Nouveaux Nez), Kosh, Barrio Oscuro et Impérial Orphéon dans un plateau musical, et « T.I.N.A » (« There is no alternative », de la cie Cassandre) pour Rhône-Alpes, et j’ai assisté à une table ronde intitulée : « Politique publique et réseaux : vers une plus grande complémentarité ? ». Il me semblait que cette thématique entrait en résonance avec le travail que nous menons depuis bientôt 10 ans avec l’Adadiff/Vivantmag.

Pourtant, dès mon premier spectacle, « Tania’s Paradise » de la compagnie Attention Fragile (13), je m’interrogeais sur les modalités de choix des spectacles. Cette compagnie - et tant mieux pour elle - est déjà largement reconnue depuis son spectacle « Le tour complet du cœur » qui propose 3h30 de Shakespeare dans une performance narrative hors du commun. Même interrogation pour le « Duo Bonito » des Nouveaux Nez (07), compagnie historique du nouveau clown en Rhône-Alpes et dont la notoriété n’est plus à faire, qui pour le coup m’a laissé vraiment sur ma faim, malgré un dispositif original et des comédiens qui connaissent leur métier. Ils avaient tout pour eux, mais n’ont pas pu en faire quoi que ce soit.

Alors, pourquoi proposer ces spectacles, déjà largement repérés, bénéficiant de nombreuses coproductions, alors que tant d’autres auraient pu bénéficier du soutien de ces Région(s) en Scène? Est-ce cela le travail de repérage et l’ouverture d’esprit attendue pour ce type de festival de découvertes?

La question n’est pas nouvelle et revient régulièrement sur le tapis tant cette question du soutien, du repérage, de la visibilité des compagnies est pressante. Et qu’en choisissant, on exclut, on sélectionne, on s’engage, on soutient… et que le choix n’est jamais unanime.

Alors, loin de nous l’idée de remettre en question le principe du choix, forcément sujet à critiques, mais pourquoi ne pas fixer des règles de sélection, afin de d’élargir le champ des possibles ? Actuellement, il faut qu’un spectacle soit soutenu par au moins 3 programmateurs du réseau… et déjà ça n’est pas simple. Cela pousse au consensus, et chacun n’a pas le même poids dans ses propositions.

En discutant avec certaines personnes présentes et en entendant les échanges, il ressort que certains reconnaissent qu’ils ne voient pas assez de spectacles, d’autres soutiennent l’idée d’un accompagnement dans le temps, d’autres enfin que le choix est aussi de présenter des compagnies susceptibles de « monter » au niveau national pour la sélection au festival « le Chainon Manquant » . Mais est-ce encore un tremplin, une ouverture?

La question est peut-être à l’image de la table ronde à laquelle j’ai assisté. Elle m’a permis pour la énième fois d’entendre la présentation des structures (Cercle du Midi, FNTAV, Karwan, Conseil régional PACA, Conseil général des Bouches-du-Rhône…) déjà en réseau, mais point d’échanges, d’écoute ou de pistes de réflexion autour du thème proposé (Politique publique et réseaux : vers une plus grande complémentarité). Le temps était compté et la réunion a été un peu écourtée certes, mais à priori, il n’était pas prévu d’échanges et de tour de table. Dommage pour une table ronde.

Ces interrogations étaient déjà présentes en 2013 lors de ma précédente venue. Malgré le plaisir de revoir certaines personnes et d'en rencontrer de nouvelles, ces rendez-vous gagneraient à évoluer dans leurs modes de sélection des spectacles, même si c’est toujours l’occasion de découvrir de belles propositions artistiques, comme ce « Monsieur Agop » que je vous recommande grandement.

A l’année prochaine ?

Albert Ciraje

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