Cubeo et Bouliette
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Spectacle de la Cie ONG DAM (34), vu le 18 Février 2015 à 14h, à la Médiathèque Jean Motte, Baillargues (34).
De et avec: Jasmine Dziadon
Collaboration artistique: Marion Debenay
Genre: Théâtre d'objets et musical
Public: Enfants 2 à 6 ans
Durée: 35 min
Jauge: 50 enfants environ
Création: 2014
Les enfants, très nombreux, sont rassemblés dans une salle de la médiathèque. Sur scène, face à un tableau noir, deux enfants (grandes marionnettes) s'installent à leur pupitre. Derrière eux les jeunes spectateurs, eux aussi élèves. Nous sommes tous en classe. S'accompagnant au piano ou manipulant cubes et sphères colorés, la maîtresse (J.Dziadon) raconte une histoire d'amour entre Cubeo (tout carré) et Bouliette (toute ronde), les deux plus jeunes rejetons de deux familles ennemies depuis des siècles : les Carrés et les Ronds se détestent mais ne savent plus pourquoi. Comme Romeo et Juliette, Cubeo et Bouliette se heurtent au refus catégorique de leurs parents. Mais eux, ils sauront s'affirmer, argumenter et amener leurs familles à d'autres sentiments. Au-delà d'une histoire d'amour contrarié, ce spectacle parle de tolérance, de différence, d'enrichissement dans la diversité, et aussi de conflit et d'apaisement.
Bien que Cubeo et Bouliette soient charmants, l'histoire n'est pas toujours rose et le récit est fertile en aventures. Disputes, guerre entre carrés et ronds, intransigeance de Maman Rond, tout cela est captivant sans dépasser les capacités émotionnelles des enfants, qui restent très attentifs. Le choix de cubes et sphères me semble un excellent vecteur de communication avec les petits car rond et carré sont les premières formes qu'ils s'appliquent à maîtriser par le dessin. Elèves-acteurs dans ce spectacle, les enfants sont invités à dessiner au tableau ou à mimer et J.Dziadon les aide à découvrir par l'action que l'assemblage des deux formes est créatif (maison, bonhomme, etc). Plus fort encore, les efforts de Cubeo pour devenir rond sont un échec car il vaut mieux s'affirmer que chercher à ressembler à l'autre ! Ainsi un message positif sur les différences émerge entre manipulations, récit et musique, en douceur et avec la participation active des enfants. Bravo pour cette belle démonstration.
J.Dziadon emploie des mots simples, avec une élocution claire et des intonations porteuses d'émotions, sans exagérations ni infantilismes. J'ai apprécié ce respect de l'enfant. Elle soutient souvent le récit avec l'intervention des marionnettes ou en jouant quelques notes expressives au piano: allégresse, attente, gravité, force, etc. Les enfants montrent qu'ils suivent l'histoire. De temps en temps un air du répertoire classique, mais ce jour-là la longueur de certains morceaux a provoqué quelques décrochages dans le jeune public, dommage. C'est après le spectacle que j'ai appris que Jasmine lance aussi elle-même les bruitages et s'occupe des éclairages... activité qui passe inaperçue : le spectacle reste fluide, ou bien étais-je tellement captivée que je n'ai rien vu des tours de force de l'artiste ?
Voilà un bon spectacle dont le message d'actualité est transmis de manière originale. L'association conte, manipulations et musique (avec les réserves énoncées précédemment) fonctionne bien. Les enfants de 2 à 6 ans s'y retrouvent, c'est perceptible, et les adultes devraient aussi y prendre plaisir et - qui sait - trouver matière à réflexion !
Ce spectacle, très "portable", gagne sans doute à être joué sans dépasser la jauge conseillée.
Catherine Polge