Effet Bekkrell (titre instable)
28 mai 2015Spectacle du Groupe Bekkrell, vu à Monfort (Paris, 15ème), le 12/05/2015, dans le cadre du festival Cirque au Féminin.
Mise en scène et interprétation : Fanny Sintès, Sarah Cosset, Océane Pelpel, Fanny Alvarez
Genre : Cirque
Public : A partir de 14 ans
Durée : 1h15
Elles sont quatre. Elles se sont rencontrées au CNAC. Depuis, elles créent collectivement. Elles donnent à voir, à l’image du titre, un spectacle ambitieux mais instable. Il s’agit, par le langage du cirque, de montrer que les découvertes du physicien Becquerel (pour rappel, la radioactivité et l’instabilité de la matière) sont la métaphore parfaite du cirque. Pour ce vaste propos, elles ne lésinent pas sur les moyens : outre les quatre agrès (mât chinois, planche à bascule, fil et corde lisse), un vaste plateau, trois rampes de projo à hauteur d’homme, effets sonores et fumerolles à gogo et, pour aider à la manipulation du tout, un technicien plateau.
Malgré tous ces moyens, on assiste moins à une démonstration qu’à une juxtaposition de tableaux dont on a bien du mal, parfois, à saisir le lien. Certains parlent d’équilibre, de déséquilibre, d’explosion et peut-être même de fission, quand d’autres sont résolument féministes! Certes, le spectacle se jouait dans le cadre du festival Cirque au féminin de Montfort mais il en a été conçu indépendamment. Bref, on s’y perd passablement. Cependant, certains tableaux sont particulièrement réussis. Le numéro à la corde qui n’en finit pas de faire des siennes, quand Océane Pelpel n’y contribue pas de façon espiègle, est exceptionnel de drôlerie et d’inventivité. Le tableau final offre aussi une belle image. Après que le décor a explosé pour laisser place à un champ de ruines, les quatre filles saisissent câbles, fils, cordes, planche à bascule ; elles bâtissent un improbable vaisseau du haut duquel, juchées, elles entonnent une Internationale féministe. Par ailleurs, la mise en relation inédite et parfois incongrue des différents agrès donne un fondu intéressant et visuellement efficace. On peut ainsi déclencher la planche à bascule en sautant du fil de fer ou bien faire une pyramide sur la planche à bascule pour saisir la corde lisse. On notera aussi d’autres trouvailles particulièrement drôles comme la danse endiablée où des poulies rouges font office de couilles ballotantes et ballotées. Ou bien de ce joli soutien-gorge à plumes porté par Fanny Alvarez et dont les plumes se déclinent ensuite sur un casque de moto pour une opération commando à haut risque, entre planche à bascule et corde lisse.
Le spectacle du Groupe Bekkrell présente les qualités et les défauts de la jeunesse. Les quatre circassiennes déploient une énergie sans pareil, de l’audace, du métier. Mais elles veulent aussi montrer qu’elles savent tout faire au risque de saturer l’espace de sons, de lumières, de fumées, de cris, de textes, et de perdre en cohérence. Le spectacle, bien que tout jeune, gagnerait sans doute à être recentré et écourté.
Alors que le spectacle est indiqué à partir de 6 ans, il me semble plutôt à conseiller à partir de 14 ans.
Catherine Wolff