La Petite Sirène à la mode sétoise
22 mai 2015Spectacle de la Compagnie BAO (34), vu le 27 avril 2015 à la Vista, Montpellier (34), en séance scolaire
Adapté librement du conte d’Andersen
Adaptation et mise en scène : Jordi Cardoner
Avec : Marick Revollon, Françoise Bocccadifuoco, Jordi Cardoner
Genre : Comédie jeune public
Durée : 50 min
Public: A partir de 5 ans
Création 2015
Une tenture bleutée où nagent de petits poissons cache le décor. Puis, le poète chanteur Georges Valéry apparaît en maillot de bain 1900 à rayures, affublé de tuba et palmes. En préambule, et en vers (c’est le moins que puisse faire un poète !!), il nous livre son sentiment sur les changements environnementaux qui ont modifié le milieu marin, l’aspect des poissons, leur donnant parfois une allure bizarre (preuves à l’appui...!), et même influé sur le chant des sirènes, qui chantent désormais comme des casseroles (ce que nous allons bien vite pouvoir vérifier) !
Enfin la tenture est escamotée. Au milieu d’un décor utilisant matériaux et plastiques de récupération, significatif de la pollution des mers (bouteilles qui constitue un rideau illuminé, rocher marin composé d’énormes sacs poubelles, gros bidon en plastique), trônent Ariel, la sirène sétoise aux longs cheveux bleus, et son ami le poulpe Pouffre. Bien que très impliquée dans ses leçons de chant, elle est tenaillée, malgré l’interdiction formelle du Vieux Triton son père (belle composition de Jordi), par l’envie d’aller à la recherche de sa mère, partie vivre à terre avec un humain. Et Ariel désobéit, émerge en pleines joutes de la Saint Louis à Sète, et tombe amoureuse d’un jouteur tombé à l’eau, lors d’un affrontement mémorable, et qu’elle vient de sauver... Après quelques aventures terrestres, Ariel retrouve enfin sa mère, sa voix… et rentre à la maison !
Encore une fois, le BAO fait preuve d’une belle inventivité à l’écriture et d’une énergie sans faille à la mise en scène. Deux des comédiens enchaînent les rôles et les changements de costumes qui vont avec, costumes d’ailleurs très réussis, notamment la petite sirène et la dorade. Quelques poissons-marionnettes s’agitent sur l’étal de la poissonnerie, prouvant ainsi que le poisson est vraiment très frais à Sète !! L’action est ponctuée de chansons entraînantes, reprises en chœur par un public scolaire très attentif.
J’ai eu un peu de mal dans les premières minutes à m’habituer à l’accent sétois un peu trop « forcé » et au langage très local, surtout pour ce qui concerne le « pouffre » (j’ai appris ce mot typique de « l’île singulière » !), mais c’était un peu le but avéré de Jordi Cardoner, « régionaliser » cette histoire, et en faire un spectacle burlesque qui permette d’attirer l’attention des jeunes (mais pas seulement) sur la pollution du milieu marin. Mais le spectacle est encore tout jeune… laissons lui le temps de la « maturation ».
Cathy de Toledo