Le Conte d'hiver
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Spectacle de la Cie Arkétal (06), vu à la Vignette, Montpellier (34), le 4 Mars 2015
D'après W. Shakespeare (1610)
Mise en scène: Sylvie Osman
Adaptation et dramaturgie: Béatrice Houplain
Marionnettes: Greta Bruggeman et Marius Rech (visages)
Jeu: Mathieu Bonfils, Carol Cadilhac, Marion Duquenne, Fanny Fezans, Youna Noiret, Jean-Baptiste Saunier
Genre: Marionnettes (tringles et fils)
Public: Tout public dès 11 ans
Durée: 1h30
Création 2012
Entre tragédie et comédie, Shakespeare a construit cette pièce en deux parties que sépare un intervalle de seize ans. Léontes, roi de Sicile, est pris d’un délire de jalousie qui provoque la mort de son épouse Hermione, l’abandon de son bébé Perdita, la mort de leur fils et la fuite de son ami Polixènes, roi de Bohême. Le Temps fait son œuvre. Perdita, recueillie en Bohême et ignorante de ses origines, est amoureuse de Florizel, déguisé en paysan mais fils de Polixènes. D’illusions en méprises, de mystifications en découvertes, cette seconde partie est fertile en coups de théâtre extravagants, dont le plus fameux est le retour à la vie d’Hermione. Et tout peut recommencer.
Cette pièce de trois heures a été ramenée à 1h30 avec quelques coupures bienvenues, tout en respectant l’original, son rythme, son style fantastique et l'humour sous-jacent. L’intrigue reste claire. Originalité : certains épisodes sont racontés par un narrateur et une narratrice, un peu comme si des spectateurs s'installaient sur scène. C'est intéressant.
Vêtus de noir, les comédiens sont en vue et chacun forme avec sa marionnette un étrange couple au sein duquel je sentais comme une complicité et un jeu de maître à élève. C'est un peu comme si les marionnettes se prenaient au jeu en subtilisant la voix des comédiens. Mais qu'apparaisse une main humaine, qu'un visage de femme soit éclairé, ou que des fils dansent au-dessus des personnages, et la dépendance des marionnettes est cruellement exposée. J'ai trouvé cette volonté de mise en scène émouvante. La présence, l'épaisseur et la cohérence des personnages ne sont jamais rompues. La dramaturgie, la musique, les bruitages, les costumes des marionnettes et les éclairages concourent à la qualité de l'ensemble.
Dans ce beau spectacle, le théâtre houleux de la vie se boucle sur un heureux dénouement et la langue de l'auteur est accessible. La créativité de la mise en scène et du jeu ne pourra qu’intéresser les amateurs de Shakespeare et, pour les publics non initiés, voilà une occasion de découvrir les marionnettes à fils dans le répertoire classique. Enfin, ambitieuse, attractive et sensible, cette adaptation du Conte d'hiver est, pour un public scolaire, une excellente introduction aux grands textes.
Catherine Polge