Le Grenier de Séraphine
22 mai 2015![Le Grenier de Séraphine](https://image.over-blog.com/C6Hp3VRO9ncsXtUGwc8IYsLjDGo=/fit-in/300x300/filters:no_upscale()/image%2F1435974%2F20150516%2Fob_662330_le-grenier2.jpg)
Spectacle de la Cie Lutine (34), vu à la médiathèque Garcia Lorca, Montpellier (34), le 6 Avril 2015, 10h30
De et avec: Ludivine de Wavrechin
Mise en scène : Xavier Gernet
Costumes : Michèle Azéma
Création graphique et vidéo : Cédric de Wavrechin
Scénographie : Nicolas Gal
Genre: Théâtre musical
Durée: 40 min.
Public: 2 à 7 ans
Création 2014
C’est le matin de la rentrée. Séraphine, jeune institutrice, a besoin du précieux cartable de sa grand-mère Mamico. En fouillant dans le grenier, elle retrouve toute son enfance, part à la pêche aux souvenirs et revit des sensations oubliées. Elle qui a toujours aimé jouer, elle hume l’air, danse, chante, joue des scénettes, délaissant un peu la recherche du cartable, qui finira par se montrer !
Les enfants présents ce jour-là à la médiathèque sont très jeunes, entre 10 mois et 3 ans. En décor, le bric-à-brac d’un grenier : un coffre, un vieux landau, un gros pouf, un mannequin de couturière… Par une petite fenêtre à la géométrie fantaisiste, on aperçoit le soleil se lever. Un air de guitare et des chansons complètent la tranquillité de la scène. Lorsque Séraphine bondit sur scène, un balai à la main, nous sommes tout de suite dans l’action, dans une ambiance très joyeuse. Vêtue d’une robe mauve en harmonie avec le décor, elle chante, pleine d’entrain, « Par où je commence…? » Dans ce capharnaüm poussiéreux, elle découvre et brandit ici un pantin, là un doudou, ailleurs un crapaud, ou une poupée, ... tous les jouets de son enfance, qu'elle salue en vieilles connaissances avec une gaieté communicative. Et la voilà qui joue, qui joue, qui joue, oubliant quelque peu le cartable ! La comédienne s'adresse aux jeunes spectateurs dans un langage d'adulte clair et simple, évoque toutes sortes de sensations avec des pantomimes comiques. Enchaînant à un bon rythme chants, danse et déguisements, L.de Wavrechin dévoile ses nombreux talents. J'ai été séduite par un étonnant jeu de marionnettes où de vieilles chaussettes sales, enfilées sur mains et pieds de Séraphine, jouent le « carnaval de l’odorat » en chantant. Les adultes ont apprécié autant que les enfants ! Au milieu du spectacle, la petite fenêtre s'ouvre sur la nuit et Séraphine chante une berceuse à sa poupée sur fond musical au saxo. C’est une jolie pause bien amenée, sans effet de rupture. Tout le long de la représentation, les bébés sont très attentifs, les plus âgés rient et participent volontiers. C’est un succès.
Ce spectacle réjouissant est le résultat d’un minutieux travail de création en équipe. La scénographie et les qualités esthétiques du décor méritent de s’y attarder car l’agencement du grenier n’a rien d’anodin. Il rassemble en effet d’authentiques objets anciens chargés de sens et soigneusement relookés dans des teintes à dominante mauve. L’ensemble dégage une harmonie qui évite l’éparpillement de l’attention et la dispersion du regard. De rares objets rouges (nez de clown, tête de pantin) ajoutent un certain piquant. Quant à la petite fenêtre sur laquelle sont projetées des paysages de rêve, elle donne une respiration au grenier en l’ouvrant sur l'extérieur. Le propos est bien mené, dans cette parenthèse ludique ouverte par la recherche d'un vieux cartable. La comédienne bouge beaucoup, mais sa manière d'occuper l’espace laisse visiblement aux spectateurs le temps de regarder, sentir, écouter, rêver. Enfin, la musique et les chants, agréables, m'ont souvent fait penser à une comédie musicale pour petits.
"Le Grenier de Séraphine" aborde en musique et avec bonne humeur le plaisir du jeu avec ses implications sensorielles. Il convient aussi bien aux intérêts des enfants de classes de maternelle qu'à ceux de 6-7 ans. Les accompagnants adultes seront sensibles à l’esthétique soignée et à l'humour du spectacle.
A noter que ce spectacle se joue préférentiellement au sol. La scénographie est telle qu'il garde une bonne visibilité.
Catherine Polge