Le Porteur d'Histoire
Le Porteur d'Histoire

Spectacle de la Compagnie Mises en capsules (75), vu le 23 avril 2015, au Centre Culturel Léo Malet, à Mireval (34)

Ecriture et mise en scène : Alexis Michalik

Avec : Benjamin Brenière, Magali Genoud, Evelyne Garby Klai, Régis Vallée, Patrick Blandin

Genre : Théâtre

Public : Tout public à partir de 12 ans

Durée : 1h40

Cinq comédiens en marcel blanc, pantalon noir, pieds nus, sont installés sur des tabourets de bois. Sur le plateau, des portants avec les costumes de la trentaine de personnages qu’ils vont interpréter. Les comédiens vont enfiler et abandonner ces vêtements au fil du récit, dans une sorte de ballet fluide et incessant, et en fond de scène, un grand tableau où ils vont dessiner ou inscrire des mots, des morceaux de phrases, des dates…

En préambule, on évoque un évènement mystérieux, la disparition en Algérie au printemps 2001, d’une femme et de sa fille… Quelques jours auparavant, elles avaient accueilli chez elles un voyageur égaré, surpris de découvrir en ce lieu isolé du désert une bibliothèque extrêmement fournie et riche d’ouvrages rares. Ce voyageur, c’est le porteur d’histoire, qui entreprit alors de raconter à ses hôtesses une histoire, son histoire...

Ainsi tout a commencé en 1988 alors que lui, Martin Martin, s’était rendu dans les Ardennes pour enterrer son père mort subitement. La découverte inopinée, quoique très rocambolesque, d’un mystérieux manuscrit, va bouleverser sa vie et le conduire à la recherche des descendants de l’auteure, Adelaïde Edmonde de Saxe de Bourville, dernière survivante d’une famille maudite, dont l’origine remonterait dans la société matriarcale des Lysistrates, dans la Grèce antique.

Nous voilà embarqués pour un voyage dans l’HISTOIRE, particulièrement bien documenté, agrémenté de nombreuses escales dans des histoires personnelles, plongés dans un récit à tiroirs, fait d’allers/retours dans le temps et dans l’espace, sautant d’une histoire à l’autre… Les faits et les personnages, réels ou imaginaires (la Révolution française, la colonisation de l’Algérie, Marie-Antoinette, Adelaïde de Saxe, le frère de Martin émigré au Canada, Michel Leborreux, croquemort descendant d’une famille de bourreaux, Alexandre Dumas, Alia, Jeanne...) se croisent, s’entrechoquent, à tel point qu’on est parfois un peu perdus dans ce tourbillon ! Qu’importe, ce récit d’une extrême densité nous tient en haleine comme un feuilleton littéraire à la Dumas. C’est le but recherché, nous passionner, nous divertir avec cette incroyable chasse au trésor, nous « faire croire »… Peut-être aussi au passage, nous faire réfléchir sur les errances, et les erreurs, des individus et des sociétés.

J’ai pour ma part retrouvé avec jubilation mon âme d’enfant, au long de ce récit porté par des comédiens talentueux, une mise en scène précise, des éclairages bien dosés, une lumière rasante, associée à des fumigènes, qui vous emmène dans un autre monde, un accompagnement sonore bien étudié, le tout auréolé d’une musique discrète et envoûtante. Et je me suis demandé pourquoi cessait-on un jour de nous lire ou nous raconter des histoires ? La tradition orale semble s’être perdue, particulièrement dans nos sociétés modernes et urbanisées, et avec elle sa capacité de rassemblement des individus et des générations.

Heureusement que des Alexis Michalik sont là pour nous faire rêver ! Mais, franchement Alexis, est-ce bien sûr qu’Adelaïde Edmonde de Saxe de Bourville n’a jamais existé…? Certes je n’ai rien trouvé à son sujet (oui, j’ai cherché !!) mais cela n’est pas une preuve !!

Cathy de Toledo

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