Le Roi des sables
31 mai 2015Spectacle du collectif Terron (38), vu au Domaine d'O, Montpellier (34), festival Saperlipopette, le 9 Mai à 17h30
D'après l'album de T. Dedieu (2010)
Mise en scène, interprétation : Miguel Garcia Carabias, Núria Alvarez Coll
Création lumière : Marie Caroline Conin
Création sonore et musicale : Marie Caroline Conin et Jul McOisans
Scénographie : Núria Alvarez Coll, Hugo Houben
Genre : Théâtre d'ombres, théâtre visuel
Public : Tous à partir de 6 ans
Durée : 40 min
Jauge : 150 avec gradin (100 scolaires), 80 sans gradin
Création Décembre 2014
Le chapiteau fait salle comble. En décor sur fond et côtés noirs, trois grands panneaux blancs. Une estrade assez haute et des (vrais) châteaux de sable par-ci par-là. Bruits de vagues et chants en fond sonore.
Miguel et Núria nous racontent une histoire, sur un rythme tranquille. En même temps, ils font vivre le récit en manipulant le sable et en créant ombres chinoises et images qui sont projetées sur les panneaux blancs. « Il était une fois »… deux rois cousins. Le roi des bois habite au nord dans la forêt. Le roi des sables habite au bord de la mer dans un château de sable. La nature y est belle et les couchers de soleil magnifiques. Le roi est heureux. En témoignent ses promenades sur la plage, où l'on voit de surprenantes images de ses pieds dont les orteils s'agitent dans l'eau ! Tout y est dit de son plaisir. Mais, dans ce royaume, à chaque équinoxe le vent se déchaîne, le sable vole, éclairs et tonnerre claquent et la tempête dévaste le château. Alors d’une main les comédiens étalent doucement le sable des murailles effondrées. Ainsi, après chaque équinoxe, Miguel et Núria vont chercher des seaux de sable et reconstruisent un château. Le roi le veut toujours plus grand : une ombre chinoise grandiose s'élève sur un des panneaux. En chantonnant, la petite silhouette couronnée du roi monte les escaliers. On rit à le voir se brosser les dents, passer aux toilettes, etc. : une vie paisible renaît. Or un jour le roi des bois rend visite à son cousin et s’étonne de son obstination à vivre dans un milieu si fragile. Mais au cours d'une balade en bord de mer il découvre à son tour la beauté de la nature. Et c'est ensemble que les deux cousins reconstruisent le château à l'équinoxe suivante. Les enfants dans la salle ont ri et beaucoup réagi à ce très beau spectacle.
Miguel et Núria, toujours à vue des spectateurs, mettent en scène à eux deux des scénarios très divers, sans ruptures, et leur occupation de l’espace donne une belle fluidité à l’ensemble. La scénographie épatante n’est pas sans embûches pour les deux comédiens... à commencer par le démoulage de seaux de sable ! Les ombres chinoises, conçues et exécutées par Núria, font rêver, avec une création lumière fantastique. Quant aux images mouvantes d’eau et de pieds, elles résultent d’un procédé invisible aux spectateurs. Face à nous derrière l’estrade dont le couvercle vitré est éclairé par-dessous, Miguel et Núria effleurent de leurs mains un peu d’eau versée sur la vitre tandis que leurs pieds nus bougent sous l’estrade. Les images renvoyées sont magiques. Les créations de lumières, couleurs, bruitages et musique sont excellentes. Enfin, il y a dans ce spectacle une distance humoristique qui en pimente la poésie. Bravo à ces deux artistes formés à l’architecture d’habitats en terre, qui transmettent tant d'émotions à partir de la matière, de la lumière et du travail des mains !
Coup de cœur pour ce merveilleux spectacle où la versatilité du sable se combine à la magie de la lumière et des ombres. Enfants comme adultes peuvent venir y rêver dans une rencontre poétique et drôle avec les éléments et les cycles de la nature. Accessible à tous.
A noter : l’espace scénique ne peut descendre en-dessous de 6x7x2,70m et la salle doit pouvoir faire l’obscurité.
Catherine Polge