Lune Jaune, La Ballade de Leila et Lee
Lune Jaune, La Ballade de Leila et Lee

Spectacle de la compagnie Le Théâtre Exalté (69), vu à l’Hexagone (Grenoble), le 09 avril 2015

Mise en scène: Baptiste Guiton

Musique: Sébastien Quencez

Avec: Emilie Chertier, Grégoire Isvarine, Jérôme Quintard, Tiphaine Rabaud Fournier

Genre: Théâtre

Public: Jeune public (lycée)

Durée: 1h30

Elle, c’est Leila, lui c’est Lee, mais tout le monde l’appelle Stag. La pièce démarre sur la présentation de ces personnages, deux adolescents qui vivront une course-poursuite digne d’un polar américain. Leila, la Silencieuse, est une bonne petite. Elle a de bonnes notes et ira sûrement à la faculté de lettres. Lee, tout le monde le connaît, le proviseur, le conseiller d’orientation, l’assistante sociale… Leurs vies basculent le jour où Lee poignarde son beau-père parce qu’il lui a volé sa casquette.

"Alors, tu viens ou tu viens ?" scande Lee à Leila. Et ils fuient ensemble vers l’Ecosse, pour retrouver le vrai père de Lee.

Baptiste Guiton, metteur en scène de la pièce, relève le défi du théâtre-récit. La structure narrative de "Lune jaune" alterne en effet entre du dialogue (respectant le principe de la double-énonciation classique au théâtre) et une voix narrative. Cette dernière corrige, précise ou même dément parfois les évènements qui ont été décrits par le dialogue. Est-ce que les personnages nous mentent ? Cette voix représente-t-elle l’écart entre ce qui est pensé et ce qui est réellement fait ? Je craignais que cette question ne soit réglée à coup de vidéos et voix-off. Mais quelle agréable surprise ! La seule présence de la vidéo est une projection sur un panneau, style arrêt de bus, repère vertical dans une scénographie très proche du plateau. Cela crée de petits bouts d’images subliminales qui attirent l’œil, ou non, discrètement, et inscrivent la pièce dans un road-movie. Le théâtre-récit sera donc géré par les acteurs qui oscillent constamment entre personnages et commentateurs avec succès.

Les comédiens sont par ailleurs tous excellents. Jérôme Quintard chantant "Take on me" (et deux fois en plus !), cela aurait déjà pu suffire à mon bonheur (je suis particulièrement fan de cette chanson, il faut l’avouer). J’attendais particulièrement les comédiens jouant les personnages de Leila et Lee, y étant très attachée après avoir lu la pièce. Grégoire Isvarine a largement surpassé mes attentes en créant un Lee juste, très humain, très loin de la caricature. Le duo qu’il forme avec Tiphaine Rabaud Fournier était tout simplement tendre et sincère. Et enfin Emilie Chertier établit la prouesse d’intégrer du comique dans des personnages pourtant tragiques, sans que cela ne soit aucunement risible.

Sébastien Quencez signe une création musicale retranscrivant de manière très juste l’univers développé par David Greig, auteur de la pièce. J’ai particulièrement apprécié que la majorité des compositions soient jouées par lui-même sur scène, parfois accompagné des comédiens. Je ne suis pas particulièrement fan de rap, et pourtant, j’ai adoré celui de Stag. Je suis particulièrement fan de blues et j’ai été servie, merci.

"Lune jaune, La Ballade de Leila et Lee" est une pièce de théâtre jeunesse s’adressant plutôt aux adolescents, elle décrit ce que Baptiste Guiton définit comme "un rite dégressif". C’est en retrouvant leurs racines, et celles du monde, que Leila et Lee grandissent et se débarrassent des peurs de l’adolescence.

Doriane Thiéry

(Photo de Michel Cavalca)

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