Zouibap
02 juin 2015Spectacle de la Cie Pic & Colegram (34), Domaine d'O, Montpellier (34), Saperlipopette, 10 Mai 2015, à 15h15
Création, interprétation: Sarah Hassler, Marou Thin
Textes et musique: Sarah Hassler, Marou Thin
Genre: Théâtre musical (chant, flûte traversière, guitare, accordéon, percussions)
Public: de 9 mois à 6 ans
Durée: 30 min
Jauge: 50
Création 2013
Pic & Colegram a pour objet de « promouvoir la musique et la culture vivante auprès du très jeune public et des familles ».
Dans une belle salle du Château d’O une soixantaine de spectateurs (enfants et parents) sont assis par terre sur des coussins. Des projecteurs, un rideau noir délimitant le fond de scène. En décor, un grand arbre et un autre tout petit, un coffre.
Ce beau spectacle est un festival de sonorités, de rythmes, de perceptions, de découvertes concrètes et d’imaginaire. Tout s’entremêle, tout est possible. Une trame narrative très légère est racontée alternativement par Sarah et Marou. Youkiri le tout petit arbre voit ce qui est caché dans l’herbe. Mais il ne voit pas ce qui est loin et questionne régulièrement le grand arbre Boumbaka, lui qui voit loin. Autour de cette question qui revient rituellement comme celles des enfants, les deux artistes enchaînent des tableaux d’une grande diversité.
Aucune monotonie ici, à commencer par la variété des instruments, dont certains peu connus ou même intrigants (tube harmonique, tube résonnant, kalimba) et… un rossignol à eau ! Les rythmes alternent douceur, claquements et beaux tourbillons. Les chants en solo, en duo, en canon vont jusqu’à l’onomatopée et la comptine répétitive. Les bruits de la nature ? Clapotis de la pluie, vent, respiration d’un éléphant (à l’accordéon), conversation humoristique entre rossignol et flûte traversière. Voilà des percussions corporelles et des bruits de bouche, et c’est le corps qui devient musical. Sarah et Marou occupent tranquillement l’espace et accompagnent les sons de postures, gestuelles ou mimiques simples et significatives. J’ai aimé les très beaux jeux de doigts, l’ouverture d’une fleur ou l’ascension d’une coccinelle sur le bras de Sarah. Le regard des enfants (et des accompagnants !), est aussi attiré sur de l’invisible : quelle merveille de suivre le vol fantaisiste d’un papillon, et de voir les jeunes spectateurs le suivre des yeux… Le spectacle a été apprécié par le jeune public, bien que quelques bébés agités aient dû être emmenés à l’extérieur.
Dans notre monde voué aux images, ce spectacle qui valorise l’écoute est facteur d’épanouissement. Les jeux avec des sons associés à des gestes, favorisent le développement de l’attention et la mémorisation. En suscitant en même temps le regard, les deux artistes participent à l’éveil de la curiosité. Quant à l’imaginaire, il est en permanence sollicité par toutes les perceptions mises en œuvre. Ce spectacle est une belle introduction au monde sonore sous toutes ses formes et sa qualité musicale ne peut qu’imprégner favorablement les jeunes enfants. Bravo !
"Zouibap" est à conseiller largement. Grâce au fil narratif impliquant les deux arbres, les plus âgés des enfants intègrent le spectacle dans un conte qui parle d’une de leurs principales préoccupations : « grand » et « petit ». Pour les enfants un peu plus jeunes, les jeux sonores et corporels occupent une place prépondérante. Quant aux bébés, ils sont attirés par la gestuelle et tout leur corps peut bénéficier de ce bain musical. Il semble essentiel de respecter la jauge, de représenter le spectacle dans un espace à caractère intime et bien sûr de préparer et d’accompagner les petits qui n’ont jamais assisté à un spectacle. « Zouibap » qui nous déclare que l’ « on peut voir bien des choses quand on garde ses oreilles bien ouvertes » s’adresse autant aux lieux d’accueil de l’enfance, qu’aux parents souhaitant partager un moment de bonheur avec leurs enfants. Précisons que les adultes prennent aussi plaisir à ce spectacle !
Catherine Polge