DOM JUAN 2.0
30 juin 2016/image%2F1435974%2F20150719%2Fob_131edf_dom-juan-2-0-site-cie.png)
Présent sur le Off 2016
Spectacle de la Cie du théâtre des Asphodèles (69), Festival d’Avignon, 14h50, au théâtre de l’Oulle jusqu’au 26 juillet
D’après Molière
Sur une idée originale de Thierry Auzer et Luca Franceschi
Interprètes : Serge Ayala, Gaëlle Konaté, Robert Magurno, Manuel Olinger, Fabio Ezechiele Sforzini , Frédéric Tessier, Jennifer Testard
Mise en scène : Luca franceschi
Genre : Théâtre
Public : Tout public à partir de 8 ans
Durée : 1h35
Luca Franceschi, Serge Ayala, la Cie les Asphodèles dont j’ai déjà apprécié « Les Irrévérencieux »… Trois bonnes raisons de ne pas rater ce classique.
Classique ? Il fallait s’attendre à ce que le pro de la Commedia dell’arte qu’est Luca Franceschi nous concocte une mise en scène revisitée et modernisée, qui reste néanmoins fidèle à l’auteur. L’esprit du genre est donc présent, mais le tréteau est ici remplacé par une sorte d’échafaudage métallique avec des escaliers avant et arrière, qui devient l’axe central du décor que les comédiens vont escalader, contourner, s’approprier tout au long de la pièce.
Le metteur en scène nous propose un filage en sortie de résidence. La pièce n’est pas tout à fait prête, toutefois, les comédiens ont décidé de la présenter au public. Plus ou moins en costumes « de ville », ils changent de personnages en revêtant à vue un chapeau, une cape, une veste, une jupe, et en saisissant un accessoire, sur les portants et tables disposés en fond de scène. Tous restent sur le plateau, même s’ils ne jouent pas, et assistent au jeu des autres.
Quelques pauses dans le texte original sont l’occasion de faire état de leurs divergences sur les traits de caractère des personnages pour expliquer les choix d’interprétation (par exemple, Dom Juan est il un frustré ou un pervers ??), les motivations qui ont guidé la mise en scène… Il en est ainsi de la description par les comédiens de leurs différentes propositions, alors qu’ils sont en désaccord sur « comment représenter la statue et le tombeau du Commandeur », débat qui débouche sur l’une des scènes les plus incroyables de la pièce.
Certes, nous n’avons pas droit à l’intégralité du texte, les personnages sont peut-être un peu éloignés de leur représentation traditionnelle (mais ils n’en sont que plus humains) et des esprits chagrins peuvent s’en émouvoir, comme me l’ont fait supposer quelques réflexions entendues à la sortie… Il en faut pour tous les goûts et, pour ma part, je pense que si l’on m’avait proposé alors que j’étais jeune de telles représentations des « classiques », j’aurais certainement été plus incitée à me plonger dans les textes originaux des auteurs. Car ce genre de mise en scène (comme pour le Cyrano, caché dans son buisson… etc., vu le même jour), qui fait le choix de retenir l’essence de l’intrigue et les scènes les plus marquantes, permet aux plus jeunes de toucher du doigt la modernité de la plupart de ces textes.
Au final, c’est un spectacle enjoué, dynamique, moderne, que nous offrent des comédiens franchement tous excellents, capables d’être à la fois eux-mêmes et d’incarner leurs personnages, et de nous gratifier de quelques respirations musicales dans la foulée ! Nous avons eu le plaisir d’assister à un filage, avec son lot de surprises et de découvertes, détendus, entre copains. Personne n’a osé, mais peut être aurions-nous pu intervenir et donner notre avis… !?
Cathy de Toledo