Le temps d’une lessive par une négresse Italienne
Le temps d’une lessive par une négresse Italienne

Spectacle de la Compagnie L'autre souffle (75), vu à Avignon, à 20h30, le jeudi 09 juillet 2015, à l'atelier Florentin, dans le cadre du festival off

Interprète : Daisy Miotello

Producteur : Jean Michel Martial

Genre : Humour

Public : Tout public

Durée : 1h10

A l’occasion de cette représentation et avec l’accord de l’équipe du théâtre de l'atelier Florentin, nous avons mis en place une expérience hors du commun. Faire une chronique le même jour de la même pièce de théâtre par quatre personnes très différentes tant par leurs expériences du spectacle que par leurs parcours de vie. Une règle du jeu était cependant spécifiée, ne pas communiquer entre nous après le spectacle.

Voici donc quatre retours sur "Le temps d’une lessive par une négresse Italienne".

Farid : J’ai bien aimé ce spectacle, j’étais bien installé et il ne faisait pas trop chaud. Il y avait un décor qui collait tout à fait au thème et j’ai passé un bon moment qui m’a semblé très court. J’ai pu oublier mes soucis et j’ai apprécié.

Bruno Louvet : On commence par s’installer en se pliant un peu les genoux sur des strapontins, mais on est très vite plongé dans l’atmosphère, par la proximité immédiate de la scène, de la comédienne et du décor, qui déjà interpelle. Très vite, le spectateur est emmené dans le tourbillon magistral de la prestation de Daisy, dès les premiers instants de la pièce et pour le temps d’une lessive. Ce plaidoyer contre le racisme, tantôt drôle tantôt touchant, nous entraîne dans une réflexion sur notre propre identité, nos relations aux autres, nos différences, nos cultures. Sur un texte fort et un dynamisme sur scène qui excelle, Daisy nous entraîne, en réalité, sur le chemin de l’amour. Mais ceci est ma réflexion personnelle et si vous aussi vous voulez vous faire une idée, je vous invite à aller voir Daisy et sa drôle de lessive, car elle vous fera de toute façon réagir.

Geneviève : J’ai ressenti que la comédienne y mettait tout son cœur et qu’il y avait sûrement beaucoup de choses qui étaient du vécu pour elle. Je suis convaincue du texte, pour moi, cela sera toujours d’actualité mais je pense que malheureusement il y aura toujours des différents sur le sujet du métissage.

Marie-Madeleine Pons : Dans un décor de carton peint en blanc et noir symbolisant certainement une buanderie, une femme fait une machine à laver avec son linge et celui de sa voisine. 1h, c’est le cycle du lavage et c’est aussi le temps imparti pour nous faire des confidences sur sa vie de métisse. Ni blanche, ni noire, comment se construire dans un monde manichéen ? Dans ce monologue savamment écrit, Daisy, la comédienne, nous offre le témoignage d’une construction identitaire parcellaire, à réunir entre la culture italienne et américaine, entre la couleur blanche et noire. Elle met en avant les problèmes rencontrés par les gens de couleur dans une société peu tolérante et peu nuancée. Il n’y a rien de larmoyant dans tout ça, le style est plutôt enlevé, le ton humoristique. La comédienne paradoxalement a mis un peu de temps à rentrer dans son personnage, c’est parfois plus facile d’incarner des rôles de composition que des rôles qui collent à la peau, si j’ose dire ! Quoiqu’il en soit le texte est touchant, juste et l’idée d’utiliser le temps d’un cycle de machine à laver pour nous parler de la couleur de peau reste profondément originale.

Nous avons tous eu une façon différente de recevoir ce texte mais sommes tous les 4 touchés par la thématique de ce spectacle qui fait écho en chacun de nous au sentiment de rejet qui reste malheureusement toujours universel et d’actualité.

Merci à l’équipe du théâtre et à la comédienne d’avoir accepté cette expérience de la chronique écrite à plusieurs.

Marie-Madeleine Pons

Retour à l'accueil