Petit boulot pour vieux clown
31 juil. 2016Spectacle de la Cie Paris Tenus (92), AVIGNON OFF 2016, Théâtre Vieux Balancier, à 12h45 du 07 au 30/07
De : Matéi Visniec
Mise en scène : Marie le Stanc
Avec : Jean Claude Barnicki, Grégoire Maréchal, Silvia Rossini
Genre : Comédie dramatique sociale
Public : Tout public à partir de 12 ans
Durée : 1h10
Création 2016
Le théâtre du Vieux Balancier est une petite salle de 44 places, espace tout à fait adapté à la pièce qui nous est proposée dont l’action se situe dans une petite salle d’attente confinée, enfumée, sans fenêtre, un lieu un peu oppressant. Un gars seul attend, assis sur une chaise avec un banjo. On entend des pas dans l’escalier. Arrive un autre gars, avec chapeau melon et valise. Ils se reconnaissent, ce sont deux vieux clowns qui ont travaillé ensemble dans le même cirque, il y a fort longtemps. La joie des retrouvailles est vite passée, et les vacheries commencent à pleuvoir…
Puis un troisième clown arrive, chapeau melon, chaussures et collerette rouges, qui connait aussi les deux autres. En fait, par le passé, ils ont constitué un trio chez Umberto, avant que leurs chemins ne se séparent. Ils ont répondu à la même annonce qui propose un contrat pour un vieux clown. Un seul boulot et ils sont trois... Bien vite chacun tente, en faisant étalage de ses tours miteux, de démontrer qu’il est le meilleur, que le boulot est pour lui, et que les autres sont ringards. Ils continuent de s’envoyer des amabilités à la figure et les choses tournent bientôt à l’affrontement. Rapidement, Peppino s’avère être au dessus du lot. Avec un de ses tours, pas vraiment drôle, il arrive à berner les deux autres qui, humiliés, vont s’acharner physiquement sur lui jusqu’à le laisser pour mort. Un de moins ! En entendant des pas dans l’escalier, Filippo et Nicollo décampent…
Cette comédie grinçante est jouée ici par deux hommes et une femme, pour trois rôles masculins. Cela m’a un peu troublée, mais pourquoi pas ? Par ailleurs, le texte de Visniec semble respecté, même si j’ai trouvé qu’il ne restait de cette "comédie dramatique" que le côté cruel, sans tendresse ni drôlerie. Ces trois clowns certes de la vieille école, dépassés, auraient pu faire rire. Mais ont-ils jamais été de "bons" clowns ? Peppino ne dit-il pas : "Un vrai clown ne rit jamais, c’est le public qui rit"?
Je n’ai pas réussi à me laisser embarquer dans cette histoire. Les personnages ne m’ont pas paru aussi décatis, pathétiques, au bout du rouleau qu’ils auraient dû l’être pour en arriver à tant de cruauté. Ce qui aurait pu générer malgré tout une certaine empathie, pour des êtres humains prêts à tout pour continuer à vivre… Ou bien n’étaient-ils pas suffisamment habités par leurs interprètes ? Ou alors, je n’ai tout simplement pas saisi le but recherché par le metteur en scène. Dommage, la musique entraînante "Entry of the gladiators" était de bon augure…
Cathy de Toledo