Une chenille dans le cœur
25 juil. 2015Spectacle de la Compagnie Troupuscule Théâtre (66), vu à l’Espace Alya, Festival d’Avignon 2015
Auteur : Stéphane Jaubertie
Interprètes : Caroline Stella, Paul Tilmont, Thomas Matalou, Benjamin Civil
Mise en scène : Mariana Lézin
Genre : Théâtre jeune public
Public : à partir de 7 ans
Durée : 1h
La fable initiatique que nous propose Stéphane Jaubertie (jeune auteur jeune public et vivant) est celle d’une chenille exceptionnelle qui ne peut devenir papillon. En tout cas pas toute seule. Et pas sans amour ou ami. L’histoire que peuvent connaître les « abimés de la vie », les « pas normaux » en somme, à travers leurs dissemblances physiques ou mentales, mal acceptées, mal aimées, montrées du doigt souvent, par le monde des enfants mais aussi par celui des adultes évidemment, pénétrés des accidents de parcours qui les ont menés jusqu’ici.
Un monde où l’on attend de l’autre qu’il nous comprenne, et où il n’est pas toujours facile de croiser la compassion, l’abnégation. Finalement un monde qui ressemble peut-être bien au nôtre.
Une jeune fille née sans colonne vertébrale ne peut grandir que si elle trouve un corset taillé dans un arbre. Celui-ci doit impérativement être plus grand que l’arbre qui a servi à tailler celui qu’elle porte depuis des années. Sans nouvel arbre elle ne pourra plus grandir. Elle ne pourra plus respirer.
Le problème évidemment, c’est que le paysage a été transformé en désert. Tous les arbres de toutes les forêts du monde ont été coupés par un bûcheron abandonné, anxieux, et solitaire.
Sauf un arbre. Un seul.
Parce que ce dernier arbre, il ne veut pas le couper.
Mariana Lézin invite le public à se projeter dans un univers féérique imaginaire, bien loin des génies et des fées, où l’intelligence, précieuse pour séduire et convaincre, et l’émotion, brûlante dans le cœur des personnages, mènent la danse, déclenchant tour à tour des vagues d’inquiétudes ou d’espérances, d’incompréhension et de désillusion, de rejet ou d’amour, de colères et d’espoirs violents, menant parfois à la mort.
« La compagnie Troupuscule Théâtre, basée depuis 10 ans à Perpignan parle "de la vie au théâtre et du théâtre dans la vie". Au-delà des spectacles proposés pour tous les publics, Troupuscule Théâtre intervient en milieu scolaire et fait de la transmission un de ses enjeux moteurs. Parce qu'elle est irremplaçable pour ouvrir les esprits, les rendre plus tolérants et aussi les distraire, la culture est une source de progrès social nécessaire à l'affirmation des personnalités. » (Extrait du site internet de la Compagnie).
Sur le plan de la scénographie, le plateau est presque nu. L’arbre convoité occupe un écran vidéo en fond de scène. Un bel et grand arbre feuillu, aux couleurs fantastiques, qui grandit et dont les feuilles bougent tout au long du spectacle. Le texte de Stéphane Jaubertie nous permet d’en apprendre l’histoire, ainsi que la raison de sa survie : sous cet arbre sont enterrés la mère et les souvenirs du bûcheron maudit.
Quelques cubes lumineux s’ouvrent ici et là ou servent aux comédiens à prendre de la hauteur. C’est léger. Dans cet univers imaginaire qu’on n’avait jusque-là pourtant pas trop de mal à se construire, j’ai trouvé dommage que la scénographie ait été aussi avare, et que l’appui sur la vidéo n’ait pas été plus exploré. L’idée de la cabane m’a toutefois surprise, mais je ne vous dirai pas à quel point le désir de la petite et le mien ont été comblés.
Allez-y voir !
Danielle Krupa / Allez Zou !