On marche sur la tête !
On marche sur la tête !

Spectacle de la Cie Théâtre de l’Instant Volé (07), Festival d’Avignon 2015, 13h15 théâtre Buffon

D’après des textes d’Aristophane

Adaptation : David Legras

Interprètes : Denis Barré, Walter Hotton, David Legras, Laurent Richard

Mise en scène : David Legras

Genre : Comédie

Public : Tout public à partir de 12 ans

Durée : 1h15

Un tas de sacs poubelles sur le plateau nu... Une espèce de clochard nous explique que son « patron », atteint d’une sorte de crise « d’indignite », ne supporte plus de voir les siens vivre dans des conditions d’extrême dénuement. Il a décidé d’aller demander des comptes aux dieux et prépare son chargement de détritus en guise de « carburant ». Casqué d’une vieille passoire métallique, chevauchant son « bousier », énorme poubelle roulante en métal, portes ouvertes en guise d’ailes, il s’élance vers l’Olympe, sur l’air de « Volare » (version Gipsy Kings me semble-t-il) au milieu des éclairs et des coups de tonnerre. Peu de moyens mais féroce imagination !

Malgré les offrandes (pots-de-vin de l’époque), Hermès, messager des dieux, genre chef de cabinet BCBG costumé, ne lui permet pas de rencontrer Zeus. Les grecs lui ayant tapé sur les nerfs, ce dernier leur a imposé la rigueur avant de partir prendre du bon temps. Joint par téléphone, il charge Hermès de se débarrasser du gêneur, renvoyé sur terre avec une énigmatique prophétie « il faut caresser la taupe dans le sens du poil »… ??

C’est le début d’une aventure abracadabrantesque. Car précisément, la première personne qu’il rencontre à son retour est un clochard surnommé La Taupe ! En réalité, celui-ci n’est autre que Ploutos, dieu de l’Argent. Zeus lui reprochant de ne récompenser que les honnêtes gens, qu’il n’aime pas, l’a puni en le frappant de cécité. Depuis l’argent tombe chez les malhonnêtes et les voyous puisque Ploutos ne voit pas ce qu’il fait. Pendant ce temps, la Dèche, innommable clocharde handicapée qui marche sur les mains en s’appuyant sur des fers à repasser en fonte, s’emploie à ce que les pauvres restent pauvres, ce qui fait d’eux des super besogneux. S’ils étaient riches, ils ne travailleraient plus… Tout s’explique !

Nous voilà embarqués avec nos héros pour l’oracle de Delphes, car la solution est que Ploutos retrouve la vue, pour que tout rentre dans l’ordre… Mais ce bouleversement ne sera pas du goût de tout le monde !

La mise en scène ne s’embarrasse pas de fioritures, la benne à ordures compose l’essentiel du décor. Les costumes de « récup » donnent à penser au « Père Noël est une ordure », et l’on peut avoir l’impression d’être au café théâtre. Mais un café théâtre qui aurait gagné ses lettres de noblesse, s’appuyant sur des textes d’Aristophane (Ploutos, la Paix, les Guêpes) d’une brûlante actualité, qui abordent comme nombre des textes de cet auteur, le problème des inégalités et de la répartition des richesses. Et qui sont portés par quatre brillants comédiens avec dynamisme et une belle dose d’humour. Les spectateurs sont également sollicités... pour mettre la main au porte-monnaie. Il faut bien soutenir le peuple grec en difficulté… Moi qui croyais que cette histoire se déroulait dans les années 400 avant JC !?

Cathy de Toledo

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