Festival de La Basse Cour (2015)

C'était le dernier week-end de septembre sur une place de Cabrières, un petit village à 15 km de Nîmes dans le département du Gard, que le dynamique collectif La Basse Cour avait posé cette année son chapiteau (et bien d'autres choses encore) dans le cadre de la 8ème édition de son festival itinérant. Ce collectif poursuit, malgré une baisse de budget occasionnée par l'important désengagement de Nîmes Métropole, sa démarche d'invitation à la découverte de spectacles de nouveau cirque et de concerts, au plus près de chez vous.

Festival de La Basse Cour (2015)

Spectacle (nom inconnu) du Casse Dalle Théâtre vu le 26 septembre vers 19h.

Distribution : N.C.

Genre : Théâtre classique revisité

Public: Absolument tout public

Durée : une vingtaine de minutes

Jauge : N.C.

C'est curieux que je suis entré dans cette mignonne cour privée, au coeur du vieux village de Cabrières, et c'est enchanté que j'en suis ressorti. Ingéniosité et dynamisme, voilà les maîtres mots pour qualifier ce que j'ai vu ! Et ce n'était pas gagné. En entrant dans l’arène, tout commençait à me faire peur. Costume classique, tirades exaltées, jeu figé... "Ouh là là, mais qu'est-ce que je fais là ???" me suis-je dis. Fort heureusement, j'avais tort.

J'espère ne pas trop en dire en saluant le travail de mise en scène de la compagnie, associant à merveille théâtre classique, roman tout aussi classique et petites misères de la vie quotidienne. Le tout donne un audacieux mélange théâtral se jouant des convenances et se moquant, avec simplicité, de tout académisme pédantesque confondant classique et barbiturique ! Ici ça va vite. Très vite ! Le rideau de verre entre la scène et les gradins est brisé, et le théâtre est remis à sa place : une affaire humaine, avec son lot d'imperfections et de ridicule. Mais là, le ridicule ne tue pas. Bien au contraire.

Festival de La Basse Cour (2015)

Spectacle "A plumes et à poil" de la Compagnie La Bilbao, vu le samedi 26 septembre vers 18h.

Distribution : Magali Bilbao, Johann Candore

Genre : Entresort burlesque

Public : Tout public

Durée : 7 min

Jauge : une dizaine de personnes, selon l'endroit

A peine passe t-on près de sa caravane que l'on est déjà accosté par cette miss aux furieux airs de Sucre d'Orge, effeuilleuse burlesque parisienne, enveloppée dans une robe de nuit affriolante et à l'accent tout droit sorti d'un polar noir des années 50. Impossible donc de ne pas venir s'esquicher (et c'est peu dire !) dans sa caravane pour 7 minutes de show, avec un curé en accompagnement à la guitare. La proximité (ou la promiscuité ???) avec le reste du public ainsi qu'avec les artistes est intéressante. Le retournement de situation, bien qu'attendu, est assez surprenant et drôle. Mais je sors pourtant interloqué de ce spectacle, ne sachant que penser. Manque t-il de sens à mon goût ? Ou, s'il n'a pas de sens, va t-il assez loin dans le grotesque ? En tout cas il me semble que le personnage du curé, très en retrait mais offrant un intéressant décalage, peut apporter bien plus.

Festival de La Basse Cour (2015)

Spectacle "Les clowns meurent comme les éléphants" du Théâtre Crac, fabrique de mensonges, vu le samedi 26 septembre à 20h30.

Distribution : Simone Vendetti, Anthony Mathieu

Genre : Théâtre gestuel sans parole, danse, manipulation d'objets, clown

Public : annoncé tout public à partir de 6 ans (je conseillerais à partir de 10 ans)

Durée : 1h

Jauge : 300 personnes

Création 2015

Ce soir, l'ambiance est fraîche, voire même froide, avec une petite bise qui se glisse dans votre cou. Tout à fait à propos pour voir un clown mourir... Dans un univers poético-morbide, deux êtres, un clown désabusé et un ange aux airs de fantôme, se rencontrent, s'apprivoisent puis se lient ensemble pour former une sorte de couple funèbre. Ici, la vie a peu de prix, et la mort peut s'inviter plusieurs fois sans qu'on en comprenne forcément la raison. Mais la poésie, aussi, peut surgir sans crier gare à travers, notamment, un très beau moment dansé par Simone Vendetti. Celui-ci campe d'ailleurs, par une pantomime éthérée, un personnage fantomatique très convaincant dans son étonnement face à l'autre. Les artistes se fondent dans un décor suranné, aux tons rouges et poussières, sur une musique mystérieusement entortillée, pour former une sorte d'étrange tableau mouvant où les opposés n'existent que pour se rencontrer. Une sorte de fable énigmatique où tout peut arriver.

Heureusement, les nigauderies dont font preuve les protagonistes (je pense notamment à une scène aussi drôle qu'imaginative autour du "nouveau-né") donnent un peu de légèreté à une atmosphère assez étouffante. Et malgré de discrets couacs survenus de-ci de-là (propres à toute nouvelle création), cette proposition artistique très esthétique saura, j'en suis sûr, trouver son chemin ici-bas et au-delà.

François Polge

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