La Rue des Rêves perdus
03 nov. 2015Spectacle de la Cie Tango Théâtre (34), vu dans le cadre de Art Pantin 2015, le 3 octobre à Vergèze Espace
Texte et mise en scène : Christophe Sigognault
Comédiens-manipulateurs : Antonio Llaneza, Guillermo Fernandez
Genre : Théâtre masqué, marionnettes, projections numériques
Public : Tout public à partir de 6 ans
Durée : 50 min
En préambule, le récitant nous décrit le contexte dans lequel se déroule l’histoire sans parole qui va nous être présentée. Alors que l’Argentine vit sous un régime dictatorial, les militaires enlèvent les enfants des opposants vraisemblablement pour les "éduquer", pendant qu’un triste sort est réservé à leurs parents.
Des images à géométrie variable de personnages en uniforme, grognant, masqués, agressifs, projetées en fond de scène, créent l’ambiance…
Mr Beto, propriétaire d’un petit cirque, qui n’est pas sans rappeler le Zampano de la Strada, se promène en ville avec Yvonne, sa poule de compagnie. Alors que les militaires investissent son logement pour l’arrêter, une femme lui fait passer son bébé par la fenêtre. Bien involontairement en charge de famille, Mr Beto s’emploie avec l’aide de Mme Yvonne, à élever cet enfant, lui donnant toute l’affection possible, à défaut du bien-être financier que ne lui permettent pas ses modestes activités. L’enfant, auquel Mr Beto n’a pas caché ses origines, participe à la vie du cirque. Son grand-père, qui n’a cessé de le chercher depuis la chute de la dictature, le retrouve enfin 5 ans plus tard. Cette histoire qui aurait pu être sordide, se termine ainsi dans la joie et les feux d’artifice !
Les images numériques, en couleur dominante rouge ou bleue, projetées en travelling ou en déplacement horizontal, créent le décor, accentuant l’intensité dramatique et le mouvement, dans une judicieuse interaction images/réalité. Les marionnettes (l’enfant, Mme Yvonne), très réussies, sont manipulées à vue. L’apothéose est atteinte avec le numéro de french cancan hilarant proposé sur la scène par Mme Yvonne et sa troupe !!
Des scènes en ombres chinoises évoquent la vie quotidienne de l’homme et de l’enfant, accentuant l’esprit "film muet en noir et blanc", tel "le Kid" de Charlie Chaplin qui a inspiré la Compagnie Tango Théâtre. Et la bande musicale, comme lors des projections de films muets, accompagne l’action, tantôt nostalgique, tantôt d’inspiration tanguera.
Créé en 2014, ce spectacle à voir en famille, m’a semblé souffrir de quelques longueurs, dues peut-être à un manque de réactivité du public lors de la représentation à laquelle j’ai assisté. C’est néanmoins un spectacle de qualité, dense, d’une grande sensibilité, mais non dénué d’humour, qui ouvre de nombreuses pistes de discussion par les thématiques abordées, et par la variété des techniques utilisées. A suivre donc…
Cathy de Toledo