L'Homme de Rien
L'Homme de Rien

Présent sur le Off 2016

Spectacle du Troupeau dans le Crâne (93), vu le 21 Juillet 2015, dans le cadre du festival Off, Avignon, Espace Alya (salle C), 15h50

Créé, mis en scène et interprété par Emilien Gobard

Création musicale : Clément Ducol

Création lumières : Lionel Vidal

Régie : Delphine Biard

Genre : "One Mime Show", théâtre corporel

Public : tous à partir de 6 ans

Durée : 1h05

Création 2009, reprise 2015

Cette petite salle de 30 places rapproche comédiens et public. L'accroche du dossier de présentation de ce spectacle est percutante "Toute sa vie l'Homme de Rien creuse des trous. Un jour il tombe dedans". Je suis intriguée. Surgissant de l'obscurité, E. Gobard naît, grandit, commence à creuser, car fossoyeur est son métier. Sans un mot, associant mime et danse avec brio, il nous montre la vie qui passe - très vite, avec ses émotions, ses pauses, les obstacles à surmonter. Des jeux d'enfants, des aventures d'adulte, la séduction, la vie à deux, et un jour le trou est achevé. Mais attention ! Quand Emilien y tombe, c'est pour partir en fusée dans un autre monde où tout ralentit. C'est un spectacle brillant, où, assisté de sa complice à la régie, E. Gobard prend le public à ses filets. Car c'est notre vie que l'artiste raconte : chacun creuse son trou... et avance insouciant et tambour battant jusqu'à y dégringoler ! Avec humour et souvent pas mal de cocasserie, E. Gobard ne lâche pas le public et convie même des spectateurs à s'activer sur scène. On rit, on est ému. Certains sortent perplexes de ce tourbillon. Alliant avec rigueur un véritable foisonnement créatif et un remarquable travail du corps, le spectacle est exigeant et, par-delà le rire, se tapit une réflexion profonde.

L'histoire qu’Emilien nous raconte est pleine de péripéties. Une très bonne musique ainsi que des bruitages et des lumières bien vus s'associent parfaitement à la narration et participent à sa cohérence. Usant de son corps en virtuose, vif et expressif, le comédien campe les scènes dans toute leur complexité : Il est conducteur de char, mais il est aussi le cheval ! Il est père et aussi enfant, etc. C'est épatant et même parfois magique. Poussant certaines actions à l'extrême, il peut faire littéralement exploser son imaginaire dans une poésie fantastique : ainsi cette chasse au moustique où l'homme mange le moustique qui ensuite mange l'homme, dans une débauche d'acrobaties, de sauts, de mimes. Et nous frôlons même l'horreur lorsqu' E. Gobard, amoureux romantique, devient progressivement ogre dévorant, et prétend découper la spectatrice qui s'est prêtée au jeu de la séduction ! Qu'il convie des spectateurs à creuser à sa place ou à incarner des victimes, c'est toujours avec une autorité pleine de gentillesse et d'humour et personne ne résiste ! Bravo à l'artiste et à toute l'équipe et merci de m'avoir enchantée pendant une heure !

Riche en émotions artistiques, ce spectacle comblera tous les publics, enfants comme adultes, avides de rêve, amateurs de théâtre corporel brillant, désireux de faire un plongeon dans l'espace poétique de la vie.

Catherine Polge

Autre spectacle de la Cie sur le blog :

http://vivantmag.over-blog.com/article-essais-solo-d-apres-montaigne-124251243.html

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