A O Lang Pho
A O Lang Pho

Spectacle du Nouveau Cirque du Vietnam, vu le 8 avril 2016, à La Villette (Paris)

Production : Lune Entertainement et France-Europe Théâtre-Sénart-scène nationale

Mise en scène : Tuan Le

Acrobates : Tran Duc An, Dinh Van Tuan, Nguyen Thi Lien, Nguyen Van Duc, Nguyen Van Thanh, Nguyen Thi An, Bui Quoc Huy, Le Ly Xa, Nguyen Khanh Linh, Do Manh Hung, Pham Van Son, Truong Chinh Phu, Tran Ban Tin, Nguyen Nhat Quang, Dang Tram Anh, Vu Cao Duy

Musiciens : Nguyen Kim Hai, Luong Thang Long, La Y San, Do Trong Thai

Genre : Cirque

Public : Tout public à partir de 6 ans

Durée : 1h10

Il y a cinq ans déjà, nous découvrions, subjuguées, mes filles et moi, sur les conseils d’une amie, le Nouveau Cirque du Vietnam. Cinq ans que nous attendions son retour sur Paris. C’est chose faite avec le spectacle "A O Lang Pho".

Le Nouveau Cirque du Vietnam a la particularité d’emmener le spectateur à la découverte du pays à travers un matériau presque éponyme. Ainsi, dans le premier spectacle le bambou organisait-il l’histoire, l’espace, l’esthétique et le jeu. Le présent spectacle repose sur le même principe ; les bambous ayant cédé la place aux paniers et à tout ce qui se rapporte à la vannerie. Ce matériau tout simple confère à un dispositif très lourd (15 circassiens, 4 musiciens, un important travail de lumière) une réelle légèreté. Et puis le panier se prête étonnamment bien à toutes les pratiques circassiennes. Il est tantôt planche à bascule, roue, trapèze, animal imaginaire, support de pyramide et objet de jongle. Eminemment esthétique et évocateur, il permet de raconter la vie à la ville et à la campagne.

Il y a des tableaux résolument splendides comme cette scène où tous les circassiens, munis de massues en osier tressé et ajouré, dessinent dans une lumière crépusculaire l’envol d’un insecte aux mille ailes. Il y a des tableaux résolument drôles. A la campagne, les paniers transformés en jonques nous emmènent à la pêche. Soudain, avec un simple petit panier en guise de carapace, une époustouflante contorsionniste et une technique empruntée aux ombres chinoises, toute une faune apparaît : crabes, canards aux longs cols, araignée d’eau. La ville n’est pas en reste de drôleries comme cette scène qui s’apparente à "Fenêtre sur cour" et où l’on découvre l’univers burlesque de chambres d’étudiants.

Techniquement, le spectacle est parfait. L’esthétique est soignée par la lumière et les lignes dessinées. Le jeu est très chorégraphié et il est admirable de voir l’ensemble des circassiens accomplir leurs numéros au rythme de la musique. Cependant, le spectacle souffre de quelques longueurs, notamment dans la deuxième partie, à la ville. D’un point de vue narratif, il est regrettable que la succession des tableaux l’emporte sur une véritable histoire. De fait, si le spectacle m’a impressionnée par son excellence technique, il ne m’a pas émue. J’ai eu l’impression de voir une série de clichés sur un Vietnam fantasmé à destination d’un public occidental. Je crains que le Nouveau Cirque du Vietnam, à l’image de ses consorts canadiens, soit tombé dans le piège d’une belle machinerie internationale, diablement efficace mais sans âme.

Catherine Wolff​

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