Après moi le déluge
16 juil. 2016Spectacle de la compagnie Avec des Géraniums (31), vu le 14 juillet 2016 à 17h, à L’ancien Tri Postal d’Avignon, dans le cadre du Festival "Le Tri Fait son Off"
De et avec : Alec Somoza
Genre : Seul en scène
Public : Tout public
Durée : 1 h
Alec, personnage un peu "bédesque", arrive un peu paniqué et speed. Il a rendez-vous avec le guide spirituel pour l’aider à y voir plus clair dans ce monde bien mal fichu et qu’il voudrait bien changer. Avec ses phrases inachevées et syncopées, un peu décousu tant il a à dire, il est tout de suite attachant. Il nous explique son parcours, commencé à la fin de son adolescence avec la communauté rasta, pour acccèder à la transcendance par les plantes. Un vaste programme phytosanitaire, en quelque sorte. Et puis, il nous raconte ses interrogations, ses questionnements, ses expériences en tant qu’animateur socioculturel, ses rencontres… Il est d’ailleurs interrompu régulièrement par une flopée de "maîtres à penser" récurrents et bien réels qu’il a croisés lors de ses différentes quêtes. On y entend ainsi Miguel Benasayag, philosophe tendance libertaire, ou Hervé Kempf, journaliste objecteur de croissance, qui nous présentent ainsi leur vision du monde, leur analyse de la situation… Entre la décroissance, le développement durable ou le capitalisme incontournable ("l'étoffe dont nous sommes fait"), Alec s’y perd un peu dans tout cela, mais nous livre à chaque fois des pistes de réflexion qui ne manquent pas d'intérêt. C’est pour le public l’occasion de découvrir ou redécouvrir des points de vue intéressants autour de ces sujets, que chacun pourra ensuite aller creuser selon son intérêt. C’est aussi l’occasion de montrer la complexité des interactions tout en gardant espoir.
Mais soyez rassurés : c’est drôle aussi ! Alec y dénonce les associations humanitaires qui se paient sur la bête en se payant notre tête, les discours militants parfois un peu limitants, ou la façon d’expliquer à des élèves de terminale comment sauver le monde en triant nos déchets… Même si, en fin de parcours, devant la monstruosité de la tâche à accomplir, Alec "pète un peu les plombs" et, à l’image de beaucoup, imagine qu’il vaut mieux profiter de ce qui nous est donné et se pose en "après moi, le déluge", d’où le titre. Mais ça n’est que pour nous pointer du doigt les méfaits de la manipulation à laquelle tout le monde est soumis. Car il ouvre avant tout les pistes d’une réflexion personnelle et d’un engagement individuel vers le changement.
Ce spectacle créé en début d’année 2016 s’inscrit dans un travail d’éducation populaire, et a trouvé au sein du Tri Postal, lieu alternatif d’Avignon en pleine construction de possibles, un lieu adapté pour ce type de proposition.
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Eric Jalabert