La queue du Mickey
La queue du Mickey

Spectacle de la compagnie Scène & Public (75), vu le 15 juillet 2016, au Théâtre des 3 soleils, dans le cadre du Festival d’Avignon Off 2016

Auteurs et mise en scène : Florence Muller, Eric Verdin
Interprètes : Pierre Hiessler, Yann de Monterno, Florence Muller, Luc Tre
mblais

Genre : Comédie burlesque sur la dépression
Public : A partir de 10 ans
Durée : 1h15

Création 2016


"La queue du Mickey" est une comédie où le public tend les bras vers un monde meilleur, mais pas pour de vrai. Ou un peu, si. Car un monde où l’on rit est peut-être déjà un monde meilleur. C’est pas vrai ? Comme une séance de thérapie d’anonymes paumés, regroupés pour mieux embrasser ensemble les vicissitudes de la vie, la pièce coécrite par le jeune metteur en scène et comédien Eric Verdin et par l’actrice de cinéma et de théâtre Florence Muller, nous emmène dans une histoire drôle, efficace, aux saveurs humaines épicées, et donc où l’on rit. Beaucoup.

Le public n’ignorant sûrement rien des poncifs de la dépression et de l’asthénie (il n’y a qu’à observer les compagnies qui "flyent" pendant le festival pour s’en rendre compte), on aurait pu craindre que la pièce ne tombât dans le cliché de personnages plus touchants les uns que les autres, philanthropes par principe du vivre-ensemble, mais bon, pas trop quand même, hein, faudrait pas trop pousser. Et bien c’est exactement ce que cette création de Scène & Public propose, mais avec une pétulance et une adresse incontestablement plus savoureuses. Les costumes et les personnages sont moches, oui, perchés dans les années 70, comme si la recherche du bonheur était encore une utopie. Le décor, épuré, a lui aussi ses gonflements et flatulences. Il sert à se gonfler, ou à se dégonfler ou à se regonfler les uns les autres, dans une société de masque et de paraître. Ça va pas mais tout va bien, je vais bien. Et si on le faisait ensemble !?

La scénographie est fine, ingénieuse, étroitement liée à la création lumière (brillante) et à la création sonore (familière et retorse). Ensemble, elles permettent tout au long du spectacle de révéler l’intimité au cœur des confusions sociales et de dévoiler les zones d’ombre des naufragés humains. Les comédiens sont très bons, en particulier Florence Muller, indomptable virtuose du burlesque. On ne se lasse jamais. Pas d’histoire ici. On ne sait rien du malheur des autres. Mais on le fait ensemble. Pour aller mieux. Parce que c’est mieux d’aller bien et de le faire ensemble. Si elle pouvait parler du haut de sa grande photographie cartonnée sur pied, c'est ça qu’elle aurait dit, Jacqueline Kennedy.

A voir et à programmer pour bien rire, mais pas que.

Danielle Krupa / Allez Zou !

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