The Elephant in the Room

 

 

Spectacle de la compagnie Cirque Le Roux, vu à Bobino (Paris 14e), le 16 décembre 2016.

 

Mise en scène: Charlotte Saliou

Interprétation: Grégory Arsenal (Jeune Bouchon), Lolita Costet (Mrs Betty), Philip Rosenberg (Mr Chance), Yannick Thomas (John Barik)

 

Genre: Cirque

Public: Tout public

Durée: 1h15

 

Ma première à Bobino! En tant que spectatrice bien sûr. Je vous la joue loufoque à l’instar du spectacle protéiforme "The Elephant in the Room" par le Cirque Le Roux. 

Bobino, c’est grand et c’était très correctement rempli en cette veille de vacances. Un public fort diversifié s’était donné le mot pour venir voir un spectacle de cirque contemporain. La notion de cirque, même accolée à son adjectif contemporain, est un peu réductrice pour désigner "The Elephant in the Room". Le spectacle est un mélange des genres et des disciplines plutôt inédit. C’est tout à la fois du cirque, du vaudeville, du cinéma burlesque, de la danse. On y pratique avec un même brio portés acrobatiques, pyramides, danse contemporaine, claquettes, art du clown et comédie. Le tout avec seulement quatre artistes, trois hommes et une femme!

Le spectacle se déroule en frontal, sur un espace scénique plutôt réduit, dans un décor unique d’intérieur bourgeois en camaïeu de gris qui évolue insidieusement sous l’effet de quelques procédés ingénieux. La lumière bien sûr, qui, sur la fin du spectacle, descend des cintres sous la forme d’une multitude de lampadaires; mais aussi les cadres dont les peintures caravagesques changent comme pour annoncer le nouveau tableau qui va se jouer sur scène. L’histoire, c’est celle de Mrs Betty qui vient d’épouser Mr Barik. Au lieu de convoler en justes noces, elle s’isole, se refuse, drague tantôt le domestique de Monsieur, tantôt un convive anglais en la personne de Mr Chance, se change en sorcière dont on ne comprend pas bien les intentions - empoisonner Monsieur ou, tel Circé, dominer tous ces hommes. On l’aura compris, l’histoire est prétexte aux numéros.

La virtuosité, acrobatique ou chorégraphique, n’empêche pas la grâce. La synchronisation avec la bande son, plutôt jazzy et gershwinienne, est parfaite. Les personnages sont bien campés parce que les comédiens ont su assumer et jouer de leurs particularités physiques : Mr Barik aux proportions éponymes est un gentil colosse d’amour éploré, Mrs Betty évoque Joséphine Baker, le jeune Bouchon suggère Laurel tandis que Mr Chance n’est pas sans ressemblance avec le Jack du "Titanic". Autant de références qui ouvrent l’imaginaire et participent aussi, parfois, du grotesque. Quelques tableaux m’ont particulièrement plu: le générique conçu comme un générique de polar des années 1930, la danse acrobatique toute en gémellité de Mr Chance et de Bouchon, les scènes de portés en général. Je regrette néanmoins la confusion de l’histoire. Cela finit par parasiter le spectacle et lui enlever du rythme. Ainsi, le début est-il longuet et maladroitement bavard. Et la fin de la narration est-elle bâclée au point que l’univers des années 1930 qui avait prévalu tout le long du spectacle a disparu par on ne sait quel enchantement.

Ces réserves faites, "The Elephant in the Room" est un spectacle de grande qualité tant par les prouesses effectuées que par les multiples univers abordés et auxquels il se réfère.

Catherine Wolff

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