Aucun lieu
19 juil. 2017Spectacle de la Cie d'autres cordes (48) / Franck Vigroux, vu le 17/07/2017, MANUFACTURE (Patinoire) à 17h20, du 15 au 22 juillet, relâche 19 juillet (1ère à Avignon).
Interprète(s) : Franck Vigroux, Kurt d'Haeseleer, Azusa Takeuchi
Collaboration : Myriam Gourfink, Michel Simonot, Nicolas Villenave
Genre : Création sonore, visuelle et chorégraphique, entre opéra-vidéo et concert-chorégraphié
Public : À partir de 14 ans
Durée : 1h20
"Aucun lieu" est un spectacle qui n’existe à aucun endroit précis de la musique, de la danse ou du théâtre, mais qui s’étire merveilleusement pour créer un univers sonore, visuel et chorégraphique impressionnant, à nul autre pareil, dans un mouvement beau, lent, radical et résistant que je n’avais jamais vu.
A ce niveau-là, "c’est pas de la musique", entend-on, "c’est pas du théâtre".
C’est pas sûr. Et pour cause.
Oui, c’est une chose étrange, pénétrante, marquante, que ce projet artistique qui fige les yeux le cœur et l’esprit tout en les faisant cavaler dans le même temps.
C’est une chose étrange, oui, que cette sorte de nuit de l’Homme, en battement du cœur, en fusion, flottant dans un liquide de chair lui-même en suspension. Amniotique ?
Je dis "c’est", mais "c’est ce que vous en faites" me confiera Michel Simonot.
Corps décharnés en fumée, peuples fantômes, succube ou maîtresse des ténèbres, les sons et les images vagabondent dans un hypnotisme latent que nous procure instantanément cette beauté offerte.
La superposition d’écrans donne une atmosphère de 4ème dimension au travail visuel, qui nous plonge parfois même dans une sorte de rencontre de 3ème type. Tous nos sens sont en émoi. Une atmosphère hybride de l’Homme dans son état d’utopie animale. A ce voyage vers l’enfer des curieux se noue l’extension de l’attente, peut-être de Pénélope, sillonnée par le poème d'Ulysse du post-modern Heiner Müller : "Lassé de la terre ferme labourant la mer d’un sillon efficace, je mesurai ma durée". Le spectacle semble vouloir nous ramener à la terre dans une dernière rupture, annonçant peut-être la genèse d’une pleine conscience de cet imaginaire.
Je n’ai pas beaucoup de références artistiques pour dire si c’est bien fait, mais je l’affirme.
Danielle Krupa / www.allez-zou.fr