Dans ma tête
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Spectacle de la Cie Entre eux deux rives (03), vu le 13 juillet 2017, AVIGNON OFF 2017, Collège de la Salle à 10h30 tous les jours sauf le lundi.

Ecriture et mise en scène : Claire Petit
Jeu : Hervé Morthon

Genre : Théâtre
Public : Tout public à partir de 7 ans
Durée : 45 min

"Je m’appelle Romain Poisson. J’ai trente et un ans trois mois et deux jours. Tous les matins, je me réveille à 7h02"…   

Dans un décor très "carré", propre, murs habillés de tissu à rayures noires et blanches, le personnage se déplace sur une estrade blanche carrée, munie de trappes, un peu à la manière d’un tréteau de commedia dell’arte, éclairée à chaque angle par quatre ampoules qui pendent du plafond. Bref, un espace rassurant, où chaque chose est à sa place… 
Il n’était pas facile d’aborder la thématique de l’autisme, en évitant de tomber dans le pathos, et sans prêter à rire, de manière exagérée en tout cas, même si parfois cela prête à sourire. Et de fait, pas un seul des nombreux enfants présents ce jour-là n’a pensé à ricaner une seule fois.

Grâce à la restitution d’une gestuelle bien observée, l’auteur et son interprète font toucher du doigt à quel point les rituels de vie de Romain Poisson, pour étranges qu’ils soient, sont indispensables à son équilibre. Tout changement, toute perturbation, sont sources de déstabilisation, de stress, même si Romain a su trouver les moyens de conjurer sa peur. Bien souvent, cela s’apparente à des tocs, comme garder ses chaussettes lorsqu’il se lave, sortir de chez lui toujours le pied droit en premier, ne pas supporter de mélanger les aliments, et bien d’autres bizarreries.
En parallèle, Romain est capable de retenir un nombre impressionnant d’informations, pas toujours utiles ou indispensables, comme connaître tous les numéros des trains qui passent devant chez lui, le nombre exact de fenêtres des immeubles de sa rue, mais aussi d’en comprendre le sens, comme le laissent à penser ses réflexions sur la Lune et le Soleil.
Romain est cependant autonome et travaille dans un centre de tri. Il aime la musique comme celle qu’écoute sa voisine. Il rêve… La ville le fascine, et avec les cartons qu’il ramène chaque jour de son travail, il construit des immeubles, miraculeusement animés par l’éclairage astucieux des fenêtres. Et bien qu’il ait peur de l’inconnu, il se décide un jour à partir à la découverte de la grande ville aux immenses gratte-ciel dont lui a parlé sa voisine. Car finalement, "les inconnus n’en sont plus lorsqu’on a fait connaissance".

Cette prestation,  évidemment rythmée par une bande son répétitive très évocatrice, met en scène l’antagonisme qui constitue la "différence" chez un autiste, entre des capacités intellectuelles indéniables et une incompétence à vivre le quotidien, plus particulièrement pour ce qui concerne l’autisme de haut niveau, dit d’Asperger.
Je vous encourage à accompagner vos enfants à ce spectacle qui constituera un excellent point de départ pour aborder le thème de la différence…

Cathy de Toledo

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