Enfin la fin

 

Spectacle de la Compagnie Cordes pas sages (84), compagnie de "théâtre mouvementé", vu dans le cadre du Festival OFF d’Avignon, le 6 juillet 2017 à 23h, au Théâtre des Carmes.

Mise en scène : Thomas Billaudelle
Interprétation : Régis Rossotto

Genre : Théâtre
Public : Adulte
Durée : 56 min

"Enfin la fin" n’en est en fait qu’au commencement, puisque ce soir c'est la première!

Très petit comité, public privilégié, la générale commence. Une scène fondue dans le noir, un abat-jour et au centre de cet espace, un homme, l’air serein, clope en coin. Le silence se fait lourd et l’atmosphère sombre, on attend alors les premiers mots : "je vais compter jusqu’à mille et me tuer". Le ton est donné. Une mise en scène sombre pour une prestation théâtrale lumineuse.

Le décompte commence alors... tic tac, tic tac… On est avec lui, on compte avec lui, les chiffres passent et on attend de voir où le comédien va nous emmener au cours de cette course folle contre le temps. Ses pas s’enchaînent en cercle et mon regard suit le mouvement avec attention.

Un récit de vie y est peint autour des différents rôles que cet homme, que tout homme peut avoir : le rôle du collègue, de l’employé, du père, de l’enfant. Vrai, pas vrai ? Et pourquoi se tuer ? Des questions qui restent en suspens. Mais doit-on chercher sans cesse la raison, le pourquoi du comment, comprendre, vouloir satisfaire notre esprit cartésien ? Ou se laisser porter par le récit de vie que nous propose Régis Rossotto dans cette vraie performance ? Des anecdotes précises avec de l’humour noir bien maîtrisé, que j'aurai aimé encore plus présent. Ces anecdotes alternent ainsi avec de longs moments de silence. Parfois un peu longs pour moi. Et toujours ce décompte qui revient auquel s’enchaîne une logorrhée autour de sujets de plus en plus vastes, qui nous concernent tous, dans notre vie personnelle mais surtout dans la société qui nous entoure. Puis le silence de nouveau.

Le trop plein d’information, de bruit, l’éloignement de soi, la folie... autant de sujets qui nous parlent de près ou de loin. Une diversité de sujets abordés que j'aurai souhaité voir se développer peut-être plus en détail dans l'écriture du spectacle. Tout au long du spectacle, le décompte incessant donne une tension palpable qui nous tient en éveil. Je suis bien là, avec lui, avec ce temps qui nous attrape, qui nous rattrape. Qui nous rattrape comment ? à quelle vitesse ? Et jusqu’à quand ?

Valérie Desbrosse

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