J’ai trop peur
J’ai trop peur

Spectacle de la compagnie du Kaïros (Paris), vu le 14/07/2017, AVIGNON OFF 2017, à 10h15 à la MANUFACTURE, du 6 au 26 juillet - Relâches : 12, 19 juillet.

 

Texte et mise en scène : David Lescot
Avec : Suzanne Aubert, Camille Bernon, Lyn Thibault, Marion Verstraeten (en alternance)

 

Genre : Théâtre jeune public
Public : A partir de 7 ans
Durée : 0h50

 

Parmi les spectacles "jeune public", il y a les clowns moisis qui gonflent des ballons, les chansonniers ringards vantant les prouesses des petits lapins roses, et puis il y a David Lescot.


Au vu de son nouveau spectacle, "J'ai trop peur", proposé à la Manufacture (où l’on trouve le meilleur du Off à mon goût), nul doute qu'il est préférable d'amener nos têtes blondes affronter l'expérience de celui-là plutôt que l'abêtissement de ceux-ci. Ne serait-ce que pour se confronter réellement à des émotions qu'ils connaissent, à des peurs qu'ils éprouvent, à des joies qu'ils ressentent.
Rien de grave pourtant ici : le spectacle traite de la terreur qu'éprouve un petit garçon devant son entrée en sixième à la fin de l'été. Mais c'est pourtant d'une de ces peurs réelles, prenantes, obsessionnelles que David Lescot traite ici, dans un texte magnifique de justesse, de pudeur et d'humour. Le temps des vacances, notre héros va peu à peu traverser mille émotions, depuis le refus net jusqu'à l'acceptation, depuis le cauchemar jusqu'à la joie, apprendre à grandir en quelque sorte.

 

Le dispositif est simple : trois jeunes comédiennes exceptionnelles (eh oui !), un dispositif simple et astucieux qui permet de varier les niveaux de plateaux, et un texte, superbement réaliste.

Les comédiennes jouent visiblement en alternance, mais la distribution que j'ai vue est absolument parfaite : entre le héros, partagé entre ironie et peur, sa petite sœur, délicieuse écervelée à couettes, et le "grand de la troisième" déjà affranchi des codes du collège, petit marlou crâneur, les filles sont au-delà de l'éloge, dynamisant par l'humour un texte pétillant, inventif, parfois doucement émouvant.

Pour tout le reste, tout ce qui "fait théâtre", Lescot fait confiance à l'imagination : besoin d'un feu d'artifice ? Une simple pantomime, quelques bruits de bouche, et on y est… Besoin d'évoquer une plage déserte ? Une petite lumière qui change, un cri de mouette, et c'est parti... Ce que parvient à faire l'auteur, ici, et c'est le plus miraculeux, c'est à toucher réellement du doigt l'enfance, ses mots, son univers, sa psyché.

 

Le spectacle plaira aussi bien à vos enfants, qu'ils soient en CM2 ou déjà passés de l'autre côté, que vous-même, qui devriez y retrouver une sorte de monde perdu, tourmenté et coloré, joyeux et inquiétant. L'intelligence de chaque élément, texte, actrices, mise en scène, scénographie, devrait ravir de toute façon tout spectateur qui se défend.
Pour moi, ça ne m'a donné qu'une envie : retourner en sixième.

A voir, revoir, et à programmer absolument.

 

Danielle Krupa / www.allez-zou.fr

 

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