Je t’écris mon amour

Spectacle de la compagnie ASTROV (57), vu le 12/07/2017, AVIGNON OFF 2017, à 13h45 à La caserne des pompiers, du 7 au 23/07/17.

 

Texte : Emmanuel Darley

Mise en scène : Jean de Pange, Paul Desveaux (collaboration)

Avec : Céline Bodis, Jean de Pange

 

Genre : Théâtre

Public : A partir de 16 ans

Durée : 1h05

 

"Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux…" (Christophe)                      

 

On ne peut nier que j’attendais beaucoup de Jean de Pange en choisissant, comme 1er spectacle du millésime off 2017, de découvrir sa mise en scène du dernier texte publié par l’auteur narbonnais Emmanuel Darley (Je t’écris mon amour, écrit en 2014 pour la compagnie Astrov et créé à Metz en 2016 quelques jours à peine après le décès de l’auteur).

Et je ne fus pas déçue. Ou disons, si, mais si peu. 

Puisque c’est l’heure où on se dit tout, je suis sortie émue.

 

Comment se parlent deux personnes qui sentent qu’elles s’attirent, mais qui ne savent pas ce qu’elles espèrent ? Comment cette passion amoureuse prend-elle naissance et comment évolue-t-elle jusqu’au désir torride de leurs corps, quand leurs corps, eux, sont séparés l’un de l’autre ?

Comment se traduit cet échange amoureux, quand il se fait via net, et les réseaux, oui, sociaux ?

C’est, voilà, ce que raconte cette pièce de théâtre actuelle, placée droit dans son temps.

La fragilité, l’émotion, l’essence, la passion, la rencontre.

 

Magnétisée par l’écriture de Darley, elliptique, juste, essentielle et à l’affût des conseils de mon libraire préféré (Le Haut Quartier Pézenas), j’avais bien sûr lu le texte quand il est paru, chez Actes Sud en janvier 2017. J’ignorai alors que ce travail était le fruit d’une commande pour Jean de Pange, et que le projet avait été entamé en 2012, dans le cadre d’un atelier sur le thème de "la passion amoureuse vécue et véhiculée par les nouveaux moyens de communication".

 

Sur scène petit budget : ce sont deux corps presque statiques qui se saisissent du texte, aussi fragiles et brûlants que l’auteur. (Pas de décors, si ce n’est l’écran sur lequel sont projetés les échanges.) Tout juste un peu de lumière, et quelques notes de guitare enregistrées.

 

Céline Bodis, merveilleuse dans son application sans faille à faire vibrer la Langue (oui, majuscule) et la Sensibilité (oui encore) d’Emmanuel Darley, est, toute en réserve, la fragilité même, qui ne gêne jamais les autres. Parce que je connaissais Emmanuel, Jean de Pange m’a - quant à lui - paru prendre un parti plus élancé, électrique, transcendant l’aspect électronique de la correspondance en portant davantage l’attention sur lui, que Darley ne l’aurait fait lui-même (m’est avis), brisant ainsi parfois (pour moi, mais c’est si peu), l’instant fragile de la rencontre. (A la décharge de la compagnie, je dois avouer que j’ai beaucoup fantasmé ED.)

 

Un spectacle de petite forme technique, qui fera frémir votre cœur et votre sensibilité.

A programmer, donc, sans aucun doute.

 

Danielle Krupa / www.allez-zou.fr

 

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