Le Chien, la Nuit et le Couteau
26 juil. 2017Spectacle de la Compagnie Munstrum Théâtre (68), AVIGNON OFF 2017, vu le 13/07/2017, à 15h20 à la MANUFACTURE (patinoire), du 6 au 26 juillet - relâches : 12, 19 juillet (1ère à Avignon).
Auteur : Marius von Mayenburg
Interprètes : Lionel Lingelser, François Praud, Sophie Botte
Metteur en scène : Louis Arene
Genre : Théâtre contemporain
Public : A partir de 12 ans
Durée : 1h50
Spectacle entre chien et loup que "Le Chien, la Nuit et le Couteau", sorte de conte étrange et contemporain au possible, à couper votre masque au couteau. (Et puis dont acte, un spectacle qui vous fout la trouille en vous faisant rigoler, et qui commence par du PJ Harvey ne peut être que bien).
Le public est installé en bi-frontal. Au milieu, une scène, avec 2 sorties, cour, jardin. Par terre, sous nos yeux d'abord surpris, un corps bizarre, humanoïde, des converses vertes aux pieds, se réveille péniblement. Sorte de forme jouant avec les formes, humaines, mais errantes, qui vient de débarquer dans une dimension pas tout à fait terrienne, mais qui y ressemble de manière inquiétante. Ambiance science-fiction gore, peut-être même apocalyptique.
Sans savoir tellement où cet univers nous emmène, nous plongeons rapidement dans une course-poursuite fauve à la fois drôle et disloquée. M (le dernier être humain ?) dans sa quête de "retour à la normale" ou de liberté ?, fait et défait ses rencontres, dans une peur nourrie d’une naïveté étrange, et dans un monde sanguinaire, carnassier, où les bêtes (humaines ?) sont menées à l’abattoir, pour nourrir les autres loups, de sang et de peur. Le temps, lui, semble figé à 5h05, à jamais. Sommes-nous dans un rêve ou un cauchemar ? Comme M, nous ne le savons pas bien.
Pour se sauver de cet univers dystopique, il faut "y faire quelque chose" nous dit le maître. L’allégorie est subtile, appuyée par une ambiance lumière et sonore dont on ne sait pas toujours ce qu’elle signifie, mais où l’on est convaincu que tout est étudié, a un sens.
Dans un mélange hystérique et curieux, nous observons cette quête absurde, morbide, inquiétante, interprétée dans l’exagération, le désordre et la panique, ce qui rend souvent les scènes drôles, ubuesques. "Comme des loups dans la steppe, les frères unis dans la force" se mettent à tuer tous les chiens pour éviter de se faire dévorer eux-mêmes. Cannibalisme de survie. Cauchemar les yeux ouverts.
A déguster avant qu’on vous déguste.
Danielle Krupa / www.allez-zou.fr