Miles Davis ou le coucou de Montreux
31 juil. 2017Spectacle de IMA Productions (66), vu le 19 juillet 2017, AVIGNON OFF 2017, Théâtre Porte St Michel à 17h.
De : Henning Mankell
Avec : Michel Bordes
Genre : Théâtre musical
Public : Tout public à partir de 10-12 ans
Durée : 1h
Pendant que le public s’installe, Steinar s’essaie à la trompette… Son récit commence avec l’évocation de la mort, qui l’a bouleversé, de Miles Davis, le 28 septembre 1991, par une belle journée d’automne…
Il nous raconte comment, grâce à son ami Stan Age (lui qui n’aimait pas le jazz !), devenu par hasard chauffeur attitré de Miles Davis pour ses déplacements en Europe, il lui a été donné de serrer la main du grand trompettiste à l’issue du concert mythique de 1986 au Festival de Montreux. Ce qui changea totalement sa vie. Il a été ébloui par le musicien, en particulier par son interprétation du Concerto d’Aranjuez.
A travers ses propres souvenirs et ceux de Stan Age, alimentés par les confidences du musicien, il explique comment Miles Davis s’est peut-être "vengé" dans sa musique des humiliations qu’il subissait en tant que Noir dans l’Amérique des années 1950, comment il a mis son énergie et sa fougue au service de la création musicale. Comment il a aimé l’Europe plus tolérante où il a été bien accueilli, comment il a été éperdument amoureux de Juliette Gréco, et pourquoi il renonça à l’emmener aux USA, où les mariages mixtes étaient interdits.
Steinar s’est alors acheté une trompette, a collectionné des objets ayant appartenu à Miles, comme le phare gauche de sa Volvo, s’est intéressé de près à la musique de Miles, la façon dont il composait et jouait. Bref, il est devenu un fan absolu… Jusqu’à trouver des liens entre le big-bang et la possible naissance de l’univers en si bémol majeur, et la musique de Miles dont c’était la tonalité de prédilection.
Michel Bordes évolue dans un décor simple, figurant l’atelier d’une casse auto. Son accent marqué du sud-ouest, d’abord un peu dérangeant, allié à son jeu dépourvu d’artifices, apporte finalement plus de véracité à son personnage, individu pas compliqué, que la musique aide à exprimer ses émotions. Ce monologue écrit par l’auteur suédois Henning Mankell, est un hommage à Miles Davis, mais aussi un hymne au jazz, à la musique qui peut porter l’individu, quel qu’il soit, l’aider à vivre, le faire rêver, lui permettre de communiquer au sein d’une "communauté" comme, probablement, toute autre passion peut le faire…
De fait, mieux vaut être un public passionné, de jazz de préférence, mais pas exclusivement, pour comprendre et pour suivre ce seul en scène d’une heure qui peut laisser les individus hermétiques au sujet sur le bord du chemin…
Ce spectacle trouve naturellement sa place dans tout lieu ou toute manifestation dédiés à la musique, cave, bar, festival comme à Marciac où il a rencontré un beau succès. Seul regret de ma part, qu’on n’ait pas eu droit à plus d’extraits musicaux pour apprécier les talents de saxophoniste de Michel Bordes, à côté de ses talents de comédien.
Cathy de Toledo