Délusion Club - Le cirque des mirages
16 juil. 2018C’est reparti pour un tour de piste jubilatoire !

ID Production et Didier Caron
Théâtre du Chien qui fume
Vu le vendredi 13 juillet à 22h30 dans le cadre du festival d’Avignon off
Mise en scène : Emmanuel Touchard
Interprètes : Yanowski, Fred Parker
Public : Adultes
Durée : 1h30
Première à Avignon
Je vais voir le Cirque des mirages un vendredi 13… ça porte bonheur ? Touchez ma bosse monseigneur ! Un fer à cheval vite ! Croisez les doigts ! Ils jouent aujourd’hui leur nouveau spectacle : « Délusion Club » ça me stresse un peu. La réputation de ce duo unique en son genre n’est plus à faire, succès après succès, le tandem a marqué son époque et fait référence en matière de chansons expressionnistes. Justement, il me semble qu’il y a toujours une vraie prise de risque artistique à tout rejouer dans un nouvel opus, particulièrement quand les premiers furent célébrés. C’est donc un peu tendue mais très heureuse d’être là que je m’installe dans un fauteuil cosy du théâtre du Chien qui fume.
Dès les premières secondes, nous sommes plongés dans l’esthétisme de ce binôme hors norme. L’entrée magistrale de Yanowski qui, outre son impressionnante corpulence, joue merveilleusement bien de son visage et de ses regards, l’éclairage savamment distillé et les accords magiques de Parker, c’est l’atmosphère « Cirque des mirages », la glauque « touch » qui s’impose immédiatement.
Les premiers mots de l’interprète sont pour supplier le public de s’enfuir au plus vite… tant qu’il est encore temps. La salle éclate de rire. Voilà. La magie opère, c’est sans douleur rassurez-vous et avec grand bonheur que se déroulent devant nous, des fresques sonores et poétiques dignes des grands peintres du début du 20e siècle. Même si, pour mon plus grand bonheur, l’accompagnement et la facture des textes sont très classiques, l’angle des thèmes traités est toujours original. Certains passages comme celui de l'eau du bénitier ou encore les divinations de Parker font d’ores et déjà partie de mon anthologie personnelle du Cirque des mirages. Je trouve le tout merveilleusement bien réalisé et brillamment interprété.
Par ailleurs, je les remercie de nous faire cadeau d’un titre de spectacle aussi énigmatique. A l’heure où les règles de l’efficacité poussent à communiquer explicitement, les deux artistes se payent le luxe d’utiliser un mot peu usité : « délusion » et nous offrent ainsi un espace de libre interprétation. Pour moi, « Délusion Club » pourrait être un cercle de gens (cercle fermé comme il se doit) qui se jouent de leurs erreurs de perception.
Sous le prisme d’un onirisme jubilatoirement fantasque, le Cirque des mirages nous distille des bouts de ce monde dans ce qu’il a de plus terrible et cruel. Cela me le rend bien plus supportable ainsi. Je sors du théâtre avec l’envie rarissime de retourner les voir le lendemain afin de reprendre une goulée de fausse frayeur, de vraie gaieté et d’illusions révélatrices.
F.P.