La conteuse et son roi nu
16 juil. 2018Cie Chiloé (69), spectacle vu le 12 juillet, AVIGNON OFF 2018, Collège de la Salle, 15h15, relâche lundi.
D’après "Les Habits neufs de l’Empereur" d’Andersen
Texte : Patrick Dubost
Mise en scène, jeu, manipulations de marionnettes : Isabelle Paquet
Théâtre tout public à partir de 5 ans
Durée : 1h
Nous nous souvenons tous du conte "Les Habits neufs de l’Empereur" d’Andersen, qui met en scène le roi de Panelange, sorte de fashion victim avant l’heure, qui aime à la folie les vêtements, et toute sa cour, qui se laisser abuser par deux marchands qui prétendent tisser une étoffe extraordinaire que seuls les gens intelligents et les cœurs purs peuvent voir… De crainte de passer pour des imbéciles, tous s’extasient sur cette merveilleuse étoffe et aucun n’ose dire qu’il ne voit rien. Jusqu’au jour du défilé national où le roi apparait "vêtu" des habits confectionnés avec ce tissu. Une voix enfantine vient alors troubler le concert de louanges (politiquement correct !)... "Mais papa, le roi est tout nu !"
Patrick Dubost propose ici une adaptation si j’ose dire "parmentière", qui a suscité ma curiosité. J’aime en effet beaucoup ce conte dont j’ai déjà vu par le passé une adaptation avec des carafes de cristal.
Ici, peu de décors, un tissu fluide et sombre qui pend du plafond (support d’ombres chinoises au cours du spectacle), tombe au sol, et couvre la table derrière laquelle est assise Isabelle Paquet. Il y a des pommes de terre partout, sur la table, devant la table… On peut alors imaginer que le personnage qu’elle incarne a souhaité égayer une fastidieuse corvée de pluches en se racontant une histoire ! A la faveur de quelques coups de couteau économe, elle commence à fabriquer une tête avec une pomme de terre, quelques feuilles de salade, des carottes, qu’elle pique avec d’autres pommes de terre sur une brochette, et procède ainsi jusqu’à fabriquer toutes les marionnettes des protagonistes de cette histoire qu’elle a eu envie de se raconter...
Une curieuse voix off semble contrôler le bon déroulement du conte. Est-ce une voix intérieure ? Ou pourquoi pas celle de la mère, si l’on suppose que la conteuse est une jeune fille qui aide à la cuisine ? En tous cas, la voix veille au grain et ramène la conteuse, qui s’arroge quelques liberté avec l’intrigue, vers l’écriture initiale.
Bien que le principe de réaliser des marionnettes avec des légumes ne soit pas nouveau, j’ai trouvé l’idée de l’adapter à ce conte assez amusante. Le résultat constitue une proposition susceptible d’animer des séances en bibliothèque ou dans des classes d’école. Le spectacle est un peu long (1h) et le rythme plutôt lent. Il sera alors plus facile de garder captif le jeune public, dans une séance en proximité et en petite jauge.
Cathy de Toledo