Spectacle de la compagnie du caméléon, vu le 21 juillet 2018 à la Chapelle du verbe incarné, à 21h35, dans le cadre du festival d’Avignon Off 2018.

Auteure : Emilie Genaedig
Mise en scène : François Bourcier
Interprètes : Tepa Teurli, Tuarii Tracqui, Guillaume Gay

Genre : Théâtre
Public : Tout public à partir de 14 ans
Durée : 1h35

Sur scène, des images d’archives nous présentent la première explosion nucléaire de Moruroa dans un silence impressionnant. Puis sur le grand plateau recouvert de plastiques transparents, des silhouettes recherchent des objets abandonnés, vestiges d’’une vie qui n’est plus. Nous voilà au cœur d’une histoire tragique et souvent oubliée ; celle des essais nucléaires en Polynésie française. Le spectacle est sous-titré : Comment et à quel prix la France s’est-elle dotée de la bombe atomique ?

 

Le théâtre documentaire permet de mettre à la lumière des projecteurs, des évènements historiques parfois passés sous silence ou méconnus : Ici, celui des essais nucléaires français - 193 tirs de 1966 à 1996 - à Moruroa et Fangataufa, près de Tahiti, nous est raconté et décortiqué par la compagnie du Caméléon basée en Polynésie française.

Cela renforce ainsi l’impact personnel de la proposition, même si parfois le pathos n’est pas loin.

On y découvre à l’aide de films d’archives, croisés avec les témoignages recueillis auprès des personnes concernées - population, militaires, chercheurs, militants -, la réalité d’une catastrophe technologique, environnementale et sanitaire, reposant sur un mensonge d’Etat.

 

La mise en scène est assez contemporaine : de grands plastiques transparents couvrent tout l’espace, comme une protection dérisoire aux radiations invisibles, mais rendues visibles par d’astucieuses touches de peinture fluorescentes. Chaque comédien est crédible dans les différents rôles interprétés.

 

Très instructive et très documentée, c’est donc une œuvre nécessaire de transmission de la parole, dans un contexte local où les enjeux économiques liés à ces expériences ont empêché le plus grand nombre de s’exprimer.

Néanmoins, il me semble que la question de la manipulation de l’information et la question du mensonge d’Etat auraient pu être davantage développées, afin d’élargir le propos et poser d’autres questionnements.

On sort en tout cas touché par ce spectacle qui nous informe avec force détails, sur une réalité peu flatteuse pour la France.

 

Eric Jalabert

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