Cabaret Louise

 

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Spectacle produit par La compagnie du Grand Soir (93, Clichy-sous-Bois), vu le 16 octobre 2018 au théâtre du Funambule (Paris 18e).

Mise en scène : Marc Pistolesi
Texte : Régis Vlachos
Comédiens : Régis Vlachos, Charlotte Zotto, Johanna Garnier

Genre : Théâtre
Public : Tout public
Durée : 1h05

Voilà des lustres que je n’étais pas venue au Funambule, pourtant à deux pas de chez moi. Il faut dire que la programmation verse dans le one man show et que ce n’est pas ma tasse de thé. Mais il y avait à l’affiche le « Cabaret Louise » qui me semblait, dans son synopsis, dénoter avec ce genre. J’aurais dû réfléchir à la ligne éditoriale du théâtre et cela m’aurait épargné un papier délicat à rédiger.

C’est toujours compliqué de parler d’une forme qu’on n’aime pas. On risque, pour un avis qui ne regarde que soi, d’être injuste. Je vais donc essayer de mettre de côté toutes mes réserves concernant cette forme (faussement enjouée, faussement complice avec le public, grimaçante, surjouée, un peu foutraque, à l’humour facile), pour ne mettre en valeur que les qualités : parce que, dans son genre, le « Cabaret Louise » en a à revendre.

Le « Cabaret Louise » entreprend de raconter une version sans édulcorant de la Grande Histoire à savoir l’histoire de la Commune de Paris et de son égérie, Louise Michel. Qui dit Grande Histoire dit aussi tous les acteurs du moment : Thiers, Ferry, Hugo, Théophile Ferré. Pour faire passer la docte pilule, le spectacle entremêle un autre récit : l’histoire de Simone et d’Edouard, nos comédiens, qui tentent de monter le spectacle malgré une rupture récente et une régisseuse inopportune. Et puis comme une révolution en rappelle une autre et que nous en « fêtions » les 50 ans cette année, il sera aussi question de mai 68 et de ce qu’il nous en reste (ou pas !) sous l’ère Macron. L’attente pour entrer en salle était telle que, pour une fois, j’ai lu le programme en amont et je me demandais comment à trois comédiens et dans une salle si petite, La compagnie du Grand Soir parviendrait à convoquer toutes ces figures et toutes ces temporalités. Et c’est précisément là que réside la qualité du spectacle. On devine bien sûr que les trois comédiens endossent tour à tour tous les personnages. Rien de très original et j’éviterai de parler du jeu qui, encore une fois, dans cette forme, ne me convainc pas. En revanche, que de trouvailles scénographiques ! Le petit plateau du Funambule est paré d’une petite piste en lumière. Au font de cette piste, un paravent circulaire fait office d’entrée des artistes. Côté cour un vieux poste à galène. Ce sont ces quelques éléments qui ouvrent l’espace, le temps et les voix. Ainsi quand Louise évoque en chanson ses luttes et ses marches dans la Commune de Paris, le paravent devient support de projection des rues de Montmartre. Quand elle rencontre Ferry, le comédien passe sa tête dans l’ovale qui décore le paravent. Il s’exprime depuis cet œil de bœuf, hautain et indifférent au sort du peuple. Quand Thiers et le gouvernement quittent Paris pour Versailles, le poste à galène nous donne un flash info des plus contemporains. Quand Edouard s’embrouille en cabine avec la régisseuse, apparaît sur le pseudo écran une appli susceptible de remplacer l’empêcheuse de tourner en rond. Pour ouvrir encore l’espace, la mise en scène n’hésite pas à utiliser tout le théâtre. Edouard et son ex-belle, une fois n’est pas coutume, se disputent. Ils quittent la salle avec fracas. La régisseuse apparaît enfin physiquement pour occuper le public livré à lui-même. Elle en profite pour faire un lien entre les luttes d’hier et celles d’aujourd’hui avec les Fralibs. Quand on en vient à 68, c’est toute la salle qui se transforme en AG sous la direction de la comédienne et de son mégaphone. Ce ne sont là que quelques exemples d’idées ingénieuses et qui fourmillent.

Le « Cabaret Louise » est un mélange de genres. Le côté show m’a exaspérée : j’ai eu envie de quitter la salle et je me suis surtout demandé si j’allais écrire. Dans le genre théâtre engagé, je préfère très largement la compagnie Jolie Môme. Mais je dois avouer que les trouvailles scénographiques et de mise en scène sont très réussies et m’ont permis au final de me détendre un peu.

Catherine Wolff

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