L'idéal club

 

Jean-Alexandre Lahocsinszky

Un spectacle produit par les 26000 Couverts (21, Dijon), vu le 21 décembre 2018 au Montfort (Paris 14e)

Mise en scène : Philippe Nicolle
Texte : collectif
Comédiens : Kamel Abdessadok, Christophe Arnulf, Sébastien Bacquias, Servane Deschamps, Aymeric Descharrières, Olivier Dureuil, Florence Nicolle, Philippe Nicolle, Daniel Scalliet

Genre : cabaret
Public : tout public
Durée : 2h30 avec entracte

On a succombé à la tentation. Quand je dis « on », ce sont mes filles et moi. Les 26000 couverts repassaient à Paris avec « L’idéal club ». La tentation était trop forte. Et nous avons bien fait tant le spectacle a évolué, meilleur encore s’il n’était possible. Me voilà contrainte de modifier ma vieille chronique pour la mettre au goût de cette nouvelle mouture.

Le synopsis est inchangé : Comment monter un cabaret idéal ? Ou comment faire place à son idéal sur scène ? Tout est question de point de vue, que l’on soit metteur en scène ou comédien. Le spectateur est donc invité à découvrir la fabrique d’un spectacle avec tout ce qu’il peut y avoir de ratés, d’engueulades, de réussites, de tâtonnements. Pour notre plus grand bonheur, l’équipe est la même (10 comédiens musiciens et 3 techniciens) et l’on retrouve avec plaisir tous ces personnages attachants qui nous ont déjà tant fait rire, depuis Kamel et ses fantasmes de thon jusqu’à Philippe notre metteur en scène quelque peu débordé en passant par Servane, effrayante dans son rôle de cantatrice interprétant « le Schleider ». Sauf erreur de ma part, le dispositif scénique a quelque peu évolué laissant davantage voir ce qui se joue en coulisse. Le ton est le même : déjanté, absurde, « con » parfois, drôle tout le temps. Ce qui a changé ce sont les sketches, du moins certains. Certains ont disparu avec l’un des plus anciens comédiens. Mais nous avons fort heureusement retrouvé ceux qui nous avaient fait mourir de rire ou d’émotion: sans exhaustivité, le numéro du trapèze sans trapèze, le micro, le badminton, le flirt des cartons, les cow-boys joueurs de pipeau, la Cène, le final en vraie comédie musicale, le meunier, la chanteuse de jazz qui se fait voler la vedette par un batteur psychédélique, etc. D’autres étaient déjà là mais ont été retravaillés et développés jusqu’à l’absurde. Le meilleur exemple est celui du numéro de scie musicale. Philippe et Olivier font chanter doucereusement leur drôle d’instrument lorsque Servane qui vient à peine de finir son chant de « schleider » teutonique se pointe avec une tronçonneuse. Dans cette nouvelle version, elle allume la bête. Droite et impavide, elle campe alors un personnage digne du plus grand film d’angoisse. Il y a aussi pléthore de nouveaux numéros. Nos préférés ont été le numéro de domptage de la tente Quechua ou le baiser en ombres chinoises entre l’indien et le cow-boy. Enfin, la musique déjà très présente initialement pour accompagner les numéros s’affranchit ici davantage. Nous entendons ainsi quelques superbes intermèdes jazz et soul. Mention spécial à Aymeric, saxophoniste-clarinettiste-trompettiste et comédien. Les techniciens ne sont pas en reste puisqu’ils sont partie prenante du spectacle, bien plus qu’auparavant.

A trois, nous avons réuni nos mémoires pour essayer de distinguer l’inchangé des nouveautés. Nous n’étions manifestement pas les seules. Lorsque Kamel est enfin venu sur scène tout de thon flamboyant revêtu, nous étions nombreux à crier de soulagement ! Mais personne ne peut être aussi fan de Kamel que nous trois ! Plus sérieusement, j’espère donc ne pas mettre trompée dans ce travail de l’ancien et du moderne. Qu’importe le spectacle est plus excellent encore que de nature.

Catherine Wolff

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