Un spectacle urbain, poétique et contemporain

Un spectacle urbain, poétique et contemporain

 

Spectacle de l'agence de développement culturel Bajo El Mar (31) vu au Théâtre Golovine à Avignon le 19 mars 2019.

 

Textes : Léonora Miano, tirés du recueil "Ecrits pour la parole"

Mise en scène : Lucie Lataste et Pierre Luga

Comédiens : Lucie Lataste, Pierre Luga, Delphine Saint-Raymon, Tellyron, Tito

Genre : Danse

Type de public : Tout public

Durée du spectacle : 50 min

 

Une lumière discrète s’installe au-dessus du « beatmaker », ce « faiseur de son, ce compositeur de rythmes dans l’univers du hip-hop. Un son hip-hop mais aussi électro, moderne, saccadé que j’aime déjà beaucoup.

Je devine deux autres personnes qui s’invitent sur le plateau. La musique s’amplifie, le temps du placement, les lumières glissent sur elles. Pas de décor, mais des corps.

Une première jeune femme, au micro, avec sa voix douce, nous raconte sa grand-mère, ce qu’elle disait des êtres, du monde, …  et la deuxième, à travers la langue des signes, nous traduit ces mots/maux qu’on entend. N’étant pas initiée à cette langue, je l’observe dans son ensemble : ses mains, ses mimiques, son corps… c’est le tout qui traduit son message.

Deux danseurs viennent compléter ce tableau. S’engage alors une communication corporelle, musicale et poétique. Une rencontre entre plusieurs univers, la danse, la langue des signes et la culture hip-hop.

 

A ce moment là je suis toujours aussi concentrée pour comprendre le message. Je cherche à faire des liens entre plusieurs tableaux, à comprendre la langue des signes … La danse, en général, je n’y suis pas initiée mais rapidement je sens qu’en lâchant prise je pourrais me laisser aller à mes propres émotions. Car c’est ça l’art, véhiculer des émotions, aussi subjectives soient-elles, alors je lâche et je me laisse embarquer dans leur univers singulier.

Ce spectacle en plusieurs tableaux dansés, signés, nous parle d’être, d’identité, de racine et vient, à travers toutes ces disciplines artistiques, bousculer et ouvrir les frontières. Le beatmaking est en parfaite harmonie avec chacun des artistes. Et d’ailleurs, est-ce la musique qui bouscule les corps ou les corps qui créent la musique ?

D’un tableau (ra)conté et signé on passe à un autre plus dansé ; de la douceur et de la poésie, on passe au conflit ; de la compétition et la rébellion, on passe à la fraternité et à la liberté.

Certains tableaux sont plus drôles et plus dynamiques, comme celui du ring, avec des bruitages de jeux-vidéos et des cascades qui enchanteront les enfants comme les grands. D’autres tableaux plus poétiques où mon regard s’arrêtera sur l’ombre immense de cette danseuse qui se dessine dans le grand rideau noir en fond de scène, une réelle photographie artistique. Un autre, celui du duo entrelacé où j'apprécierais la langue des signes qui s’invite à travers le corps de l’autre danseur, ils ne font qu’un ; une sculpture qui prend vie.  

Puis une nouvelle « photographie » où la jeune danseuse reprend le micro, « j’habite un espace sans limite, …je crée mon histoire… ». C’est ce que je ressens depuis que je me laisse aller. Dans l’un des derniers tableaux, elle viendra confirmer mon ressenti : « mes frontières rassemblent, elles ne coupent pas, elles rassemblent, elles ne tranchent pas, elles rassemblent, … ».

Il n’y a pas une expression corporelle, écrite ou sonore : toutes sont liées pour ne faire plus qu’une, un véritable melting pot d’expressions artistiques où tout est langage, tout est communication, union, tout le monde peut alors se comprendre à sa manière, avec ses propres émotions et interprétations. Et malgré ma frustration à ne pas avoir perçu de fil conducteur du début à la fin, ces artistes, de part leur énergie et leur travail, m’ont convaincue dans le sens où ils brisent les barrières entre le handicap, l’art et ses nombreuses expressions artistiques. Sur la danse finale, avec  ses sonorités de percussions, j’aurais voulu les rejoindre et danser même si le rythme n’est pas dans mes fonctionnalités.

J’ai chroniqué de la danse l’année dernière, mais cette fois c’est sûr, je veux en voir plus !

Valérie

 

 

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