Prolongations

Prolongations

L'Exception

Spectacle de la compagnie Mas-Productions (Paris) vu au Théâtre de la Contrescarpe (Paris 5ème) le 16 mars dans le cadre du dispositif «L. A. D » (un livre - une adaptation - un débat).

 

Texte : d’après le roman autobiographique de Ruth Klüger, «Refus de  témoigner».

Mise en scène et adaptation : Jacky Katu

Comédien : Sandra Duca

Genre : adulte

Durée : 1H

 

J’avais déjà vu cette pièce, l’an dernier, au Festival d’Avignon, au Théâtre des Amants, dans des conditions toutes particulières dues à la Finale de la Coupe du monde de football. Le théâtre était tout proche d’une des places les plus populaires de la ville close où les écrans de télévision crépitaient bruyamment. Pourtant rien n’avait entaché ma représentation ni mon écoute. J’avais été en immersion totale 1 H durant, submergée par l’émotion. Mais le retour à la réalité «sportive», envahissante,  avait été bien âpre !  C’est pourquoi, j’ai éprouvé le besoin de revoir ce spectacle.

 

Nous sommes en 39-45. Une petite fille juive de 10 ans, viennoise, est déportée à Auschwitz avec sa mère. Elles parviennent pourtant à s’enfuir six ans plus tard, grâce au caractère indocile et effronté de la fillette et à sa maturité hors du commun.

Le spectateur éprouve avec force les émotions de cette enfant grâce au jeu intense de la comédienne, Sandra Duca, à ses contorsions et à sa tenue de bagnard. Le tout n’est pas sans nous rappeler les peintures de Munch ou les visages squelettiques d’Egon Schiele ou encore la danse bûto. Les moments de silence lors de ces contorsions où la fillette ploie sous la douleur pèsent sur les spectateurs. Sur certains en tout cas. Cela se sent ! Ils dérangent en effet ces instants de silence ; ils interpellent. La douleur dérange toujours !

Le regard que cette romancière peu connue en France porte sur la Shoah revêt un caractère peu commun car il se démarque de tous les témoignages vus et entendus depuis longtemps. Le metteur en scène Jacky Katu y a été, de toute évidence, sensible. C’est le côté brut du récit qui l’a marqué, nous a-t-il dit, lors du débat qui a suivi la représentation. Car il est là, Jacky. Tous les samedis de la programmation. Et on l’attend impatiemment sur le plateau, à la fin de la représentation, aux côtés de Sandra, sa comédienne.

Ne ratez pas cette remarquable pièce qui, pour notre plus grand bonheur, se voit prolongée de trois représentations supplémentaires.

Bravo les artistes.

Bravo….

 

 

 

 

 

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