La Mouette
22 avr. 2019Spectacle de la Compagnie l’Elan (Paris XI°) vu au Théâtre du Nord-Ouest parisien (Paris IX°) le jeudi 14 Mars.
Mise en scène : Jean-Luc Jeener
Texte : Anton Tchekhov
Comédiens : Pierre Bès de Berc- Didier Bizet- Laurence Hétier- Yves Jouffroy- Pauline Maudroux- Isabelle Miller- Rémi de Monvel- Selma Noret- Terraz- Rémi Picard- Thomas Sans- et Dominique Vasserot
Genre : Théâtre
Durée : 2H30
Venir au Théâtre du Nord-Ouest (TNO) est à chaque fois un réel plaisir. On pénètre dans ce lieu comme dans un temple dédié à l’art théâtral et aux mots qui résonnent. La présence quasi permanente de Jean-Luc Jeener qui revendique depuis toujours un théâtre de l’incarnation et de la vérité psychologique rajoute à ce lieu une âme très sensible et subtile. Qui plus est, le lieu est beau. Par ailleurs, il fête ses 22 ans d’existence cette année ! Et il aurait été l’écrin, autrefois, du temps où il n’était qu’un club, de la rencontre entre Edith Piaf et Marcel Cerdan.
Lovés dans des fauteuils sans âge dans l’attente de l’ouverture de la salle, on savoure l’ambiance particulière du lieu en feuilletant négligemment des ouvrages de Jean-Luc, posés ici et là.
Est-il nécessaire de présenter l’intrigue de « la Mouette » ? Cette pièce, tellement nécessaire, est remarquablement interprétée par tous les comédiens sans exception, des plus jeunes aux plus expérimentés.
La comédienne qui interprète le personnage de la mouette ainsi que le régisseur du domaine m’ont particulièrement touchée.
Dès l’ouverture de la salle, on nous prévient qu’en fin de représentation, nous serons appelés à nous rendre dans une autre salle, plus intime. Le lieu s’y prête et il aurait été dommage en effet de ne pas l’exploiter.
On quitte donc une grande salle au décor dépouillé dans laquelle les comédiens virevoltent avec aisance pour se retrouver dans une petite pièce aux allures de boudoir. Le spectateur est tout proche des personnages et cela apporte indéniablement autre chose à la pièce. Un petit escalier qui descend au sous-sol a été choisi par le metteur en scène pour être le lieu où la jeune artiste tourmentée va se donner la mort.
Dès le début de la pièce, le spectateur est confronté aux amours impossibles des personnages. Les comédiens sont beaux et incarnés. Ils nous touchent d’emblée. La part accordée à l’Art, à la Littérature et aux affres de la Création sont les thèmes essentiels qui surgissent à travers la souffrance qu’ils génèrent dans les personnages ; souffrance dont les comédiens savent parfaitement rendre compte :
-« On vit. On meurt. Et entre temps, qu’est-ce qu’on fait … ? »
-« Il faut refaire encore ce que l’on aime... ».
La liberté de l’artiste, son statut mais aussi sa place aux premières loges qui le met à la merci du premier porteur de fusil venu sont autant de thèmes défendus par Tchekhov et qui sont subtilement mis en valeur par les comédiens et la mise en scène de Jean-Luc Jeener.
Le texte de Tchekhov est sans coupe.
On quitte la pièce-boudoir baignés par un ensemble très agréable et les mots de Tchekhov résonnent avec force .On a envie d’y rester.
Moi qui ne peux pas vivre une journée sans un petit « courant d’art » quel qu’il soit, j’ai été gâtée.
Les amoureux de Tchekov doivent y courir et ceux qui le connaissent moins, aussi.