Fauves

 

Un spectacle produit par le Théâtre de la Colline (75 Paris) et vu le 13 mai 2019 au Théâtre de la Colline (Paris XIX°)

Mise en scène : Wajdi Mouawad

Texte : Wajdi Mouawad

Comédiens : Ralph Amassou, Lubna Azabal, Jade Fortineau, Hugues Frenette, Julie Julien, Reina Kakydate, Jérôme Kirchner, Norah Krief, Maxime Le Gac-Olanié, Gilles Renaud, Yuriy Zavalnyouk.

Genre : théâtre

Public : adulte

Durée : 4H .

 

Ce joli mois de mai est le mois de la nouvelle proposition théâtrale de Wajdi Mouawad. Inconditionnelle depuis toujours, je suis donc allée découvrir « Fauves ». La scénographie, époustouflante comme de coutume, n’est pas parvenue à combler les faiblesses du récit.

 

Le spectacle s’ouvre sur une dispute conjugale qui se termine en homicide. On découvre bientôt que c’est une scène du film d’Hippolyte, le héros de la pièce. Perdu dans un montage qu’il ne parvient pas à achever, il ne sait pas encore que son film est la métaphore du drame familial et transgénérationnel  qu’il porte en lui. Car comme dans « Incendie », c’est le décès de la mère et le passage obligé chez le notaire qui vont ouvrir la boîte de Pandore des origines. Mais cette fois, le scénario part trop loin et le tragique, à force de rebondissements à outrance, frise le ridicule.

Le spectacle se découpe en deux parties. La première, de 2H35, riche d’une inventivité scénographique inouïe, est celle de l’intensité dramatique. La seconde, celle du surgissement de la vérité, est donnée à voir de façon si frontale et si statique qu’elle révèle toutes les faiblesses de la construction narrative. Je me suis fermement ennuyée, au point de vouloir partir. Certains dans la salle ont franchi le pas.

Le jeu est à l’image de la pièce, inégal. Ils sont 11 comédiens et 5 techniciens plateau  à porter ce spectacle-fleuve. Il faut saluer l’endurance de chacun et en particulier celle de Jérôme Kirchner dans le rôle titre. Lubna Azabal compose une incroyable figure de vieille femme. J’ai particulièrement apprécié la prestation de Reina Kadukate et de Gilles Renaud. Ils forment le couple du film d’Hippolyte et jouent les arrêts sur image et le rembobinage de la pellicule. Ils participent de ce que le spectacle a de meilleur, la scénographie.

Je ne parlerais donc que de la première partie. La scénographie se compose de 9 panneaux à roulettes. Certains sont de simples cloisons de bois, d’autres sont munis de portes, d’autres enfin sont ajourés comme des baies-vitrées. Concrètement, les techniciens les déplacent pour composer différents espaces –la scène du crime, un bar, l’office notarial etc… D’un point de vue dramaturgique, ils donnent à voir, selon leur configuration, différents points de vue. C’est le principe cinématographique du champs/contre-champs et c’est ainsi qu’il nous est donné à voir, plusieurs fois, le crime originel. Plus le drame avance, plus l’agencement des panneaux dessinent une sorte de labyrinthe de la psyché d’Hippolyte. Les flashbacks récurrents, tellement drôles au début dans leur comique de répétition, finissent par révéler le grand désordre intérieur qui s’empare d’Hippolyte à mesure que les révélations s’enchaînent.

 

La première partie de « Fauves » est magistrale. L’intensité est telle qu’elle délie les langues à l’entracte. J’ai rencontré plusieurs spectateurs qui avaient besoin de partager leur expérience, leurs doutes et leurs interrogations. La seconde partie est malheureusement  retombée comme un soufflé.

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