Le Marteau et la Faucille
30 juin 2019Spectacle de la compagnie "Si vous pouviez lécher mon cœur" (62), vu le dimanche 2 juin 2019 à l'Agora Théâtre Montpellier (34) dans le cadre du Printemps des Comédiens.
Auteur : Don DeLillo
Mise en scène : Julien Gosselin
Comédien : Joseph Drouet
Public : adulte
Durée : 1h
Une grande scène raccourcie, des gradins suspendus qui épousent parfaitement le bâtiment du « Centre International de la Danse » de Montpellier. Ce lieu et son enceinte de pierres livrent un son contenu fort adapté au spectacle.
Joseph Drouet est seul en scène, assis. Un écran immense est disposé juste au dessus de lui. Ecran sur lequel apparaissent en très grand, son visage, son buste, ses bras, avec quelques gros plans sur son visage.
Ses expressions, les registres vocaux auxquels il recourt, lui permettent d'habiter superbement ce texte brûlant d'actualisé.
Ce texte puissant porté par une si talentueuse interprétation, méritait un tel écran Vincent Drouet excelle dans l'incarnation du personnage percutant de Don DeLillo. Très vite au cours du spectacle, j'ai repensé à Léo Ferré que j'avais vu à Nîmes dans les années 80, présenter son album "Il n'y a plus rien", que j'ai tant écouté adolescente.
Au fil du récit, l'univers sonore soutient, entretient la tension, et amène quasiment à l’asphyxie. Terrible actualité d'une fin de civilisation. DeLillo dans le « Marteau et la Faucille » évoque la supercherie du capitalisme, en dresse un constat réaliste, décapant, sans concession aucune.
Inhumanité de l'humain, hérésie, folie des hommes , solitude de l'homme moderne. Un spectacle qui tape fort, sublimé par la mise en scène épurée et magistrale de Julien Gosselin, qui souligne toute la puissance de ce triste constat de l'état de notre monde en ce début de 21ème siècle.
Je suis sortie de cette représentation bouleversée,
touchée par cette magnifique interprétation. Merci pour ce très grand moment...
Gisèle-Lydie Brogi