Paulina
18 juil. 2019Spectacle de la Compagnie Antisthène (75) vu le 14 Juillet à 22H au nouveau Théâtre « Sham’s » dans le cadre d’Avignon OFF 2019. Du 5 au 28 Juillet 2019 (Relâche les lundis).
Texte : d’après Angelica Liddell
Mise en scène : Jessica Walker
Comédiens : Clémence Caillouel
Genre : Théâtre
Public : Adulte
Durée : 1H
De quelle planète cette comédienne incarnant le personnage de Paulina descend-elle ? Et que nous dit-elle précisément, Paulina ?
Qui est-elle ? Où est-elle ?
Je me suis demandé tout ça au début de ce spectacle dans lequel Clémence Caillouel à la fois troublante et captivante incarne à elle seule toute la violence faite aux femmes mexicaines pour la seule raison qu’elles sont « femmes ». Mais Paulina hurle son besoin d’amour avant tout. Paulina Elizabeth Lujan Morales, 16 ans, qui, sous la plume d’Angelica Liddell, est la voix de toutes ces femmes assassinées au Mexique, une véritable pandémie que l’Etat de Mexico ne parvient pas à endiguer. Mais cette barbarie dont nous parle ce spectacle est-elle le seul fait de ce pays ? C’est une question à laquelle le choix de mise en scène ne répond pas et laisse le spectateur face à lui-même.
L’actrice est exceptionnelle dans son panel diversifié d’évocations qui octroie au spectateur une grande prise de conscience. L’actrice oscille entre une grande force d’interprétation et des jeux parfois subtils et un peu fragiles et enfantins. On a envie de prendre Paulina dans nos bras, de lui soigner les coupures qu’elle a partout sur le corps, de venir la chercher dans cette chambre d’hôtel où elle est enfermée.
Elle campe aussi d’autres voix plus en sourdine comme celle de cet homme qui jouit et qui se targue de faire de la morale mais c’est la voix de Paulina qui éclate. En chantant par exemple « Poupée de cire, poupée de son » ou en reprenant la célèbre phrase de Brigitte Bardot dans « Le Mépris » de Godard :
-« Tu les trouves jolies mes fesses ? Et mes seins, tu les aimes ? »
La mise en scène est déroutante, entre Caraïbes et Carnaval de Rio, des lampions et de longues tresses de raphia jaune.Mais tout se ternit vite. Un projecteur tenu par une technicienne près du plateau braque Paulina dans une lumière orange et elle devient comme un papillon multicolore qui se brûle les ailes.
On a peur pour elle et de la fin attendue. Des moments de silence renforcent cette impression. Paulina est pudique. Paulina est seule. Les yeux verts envoûtants de Clémence Caillouel vous hypnotiseront et sa voix portera à coup sûr plus loin que le Mexique ; vers Gaza par exemple : « La muerte en directo ».
Courez voir ce spectacle …. ! Parlez-en autour de vous. Vite … Vite….
Surtout si vous êtes « femme ».