Dépôt de bilan
29 janv. 2020Présent au Festival OFF 2021, au théâtre Avignon-Reine Blanche du 7 au 25 juillet à 19h05
Dépôt de Bilan, de la compagnie « La gueule ouverte » (69) vu le 25 janvier 2020 à 20h30 aux « Trois soleils » . Première Sortie de résidence portée par le lieu.
Un spectacle de et avec Geoffrey Rouge-Carrassat
Collaboration artistique : Emmanuel Besnault
Création lumière : Emma Schler
Genre : Théâtre
Public : Tout public à partir de 14 ans
Durée : 1h00
Dans une salle comble, je suis venu découvrir le travail de ce jeune homme talentueux dont nous avions pu suivre les deux premiers spectacles « conseil de classe » et « Roi du silence » qui ont remporté un franc succès en 2018 et 2019 sur le Off d’Avignon. Après les thèmes de la jeunesse et de l’éducation puis celui des relations intimes, il nous propose celui de la « valeur » travail.
Sur le plateau avec un amas de tréteaux et de mannequins, un homme nous raconte sa vie et son rapport au travail. Il travaille trop mais il aime ça. Il nous parle avec un débit et une diction parfaite de cette vie qu’il s’est choisie, employé de bureau puis patron, qui s’investit toujours plus, dans un secteur d’activité qui n’est pas précisé mais qui laisse à chacun le loisir de se projeter ou d’imaginer.
Car cette confession intime, à la fois très caricaturale et très réaliste, dépeint un personnage qui souffre, soumis à toutes les pressions extérieures et qui s’est réfugié dans la performance, dans le « toujours plus » du monde du travail, dans cette réelle addiction, pour fuir d’autres réalités moins simples pour lui, car plus humaines : sa femme, ses enfants, les relations aux autres, le regard des autres…
La mise en scène est sobre et efficace, reposant sur la manipulation des objets sur scène, marque de fabrique de la compagnie. Le texte est dense mais limpide, drôle et incisif. Il nous confie que « M’amusez ne m’amuse pas » et qu’il organise des « Barbecues de convivialité » pour que ses employés soient heureux car un salarié heureux est plus performant. Sans rentrer dans une analyse politique néo-libérale de la « valeur » travail, il met en avant l’intime qui fait qu’un homme simple se transforme en bourreau de travail.
Heureusement, une interview entendue de Pierre Soulages (l’homme du noir lumineux, sûrement pas un hasard...), l’amène à une prise de conscience salutaire sur sa façon de voir la vie. Peut-être est ce là justement la valeur de l’art ?
Une première pleine de promesse pour ce spectacle qui vient clore une trilogie informelle autour de l’humain. Notez bien ce nom, Geoffrey Rouge-Carrassat, artiste multi-formes et généreux, qui semble transformer en or tout ce qu’il touche et qui aime sûrement beaucoup son travail.