Oncle Vania
19 janv. 2020
Un spectacle produit par le Théâtre des Nations (Moscou) et vu au Théâtre de l’Odéon le 16 janvier 2020.
Texte : Anton Tchekhov
Mise en scène : Stéphane Braunschweig
Comédiens : Nina Gouliéva, Anatoli Béliy, Evgueni Mironov, Nadejda Loumpova, Victor Verjbitski, Elisaveta Boyarskaya, Dimitri Jouravlev, Ludmila Trochina
Genre : théâtre
Public : adulte
Durée : 2H30 (avec entracte)
En principe, j’évite les spectacles en langue étrangère. Cependant, ma bonne connaissance du théâtre de Tchekhov en général et d’« Oncle Vania » en particulier m’autorisait à tenter l’expérience. Cet « Oncle Vania » inaugurait le cycle des « Saisons Russes 2020 » à l’Odéon. Le public était donc pour moitié composé de spectateurs russes et c’est haut la main qu’ils ont reporté le concours de l’élégance !
Avant le lever de rideau, Stéphane Braunschweig est intervenu pour prévenir le public qu’en raison des grèves le spectacle était maintenu mais quelque peu amputé dans sa scénographie et sa lumière. Au-delà de mon soutien inconditionnel au mouvement, force est de constater que le spectacle, dans la forme présentée ce soir-là, a répondu à toutes mes attentes.
Pour rappel, « Oncle Vania » raconte la fin du séjour estival du vieux et tyrannique professeur Serebryakov et de sa jeune épouse Héléna chez Ivan, frère de la première épouse du professeur et oncle (Vania, donc) de Sonia, née du premier lit.
L’originalité de la mise en scène de Braunschweig réside dans un parti pris résolument écologique et qui s’appuie sur le personnage visionnaire inventé par Tchekhov, le docteur Mickhaïl, grand ami de la famille. Ce végétarien avant l’heure, amoureux de la forêt dissèque les relations intrafamiliales comme il inventorie, sur son ordinateur, le déclin de la forêt de son district. Car l’écosystème familial se délite sous nos yeux à l’image de la nature. Le décor, splendide et manipulé par une dizaine de techniciens malgré la grève, participe de ce point de vue. Tout en bois de bouleau, sur deux étages, il figure, selon la lumière, aussi bien un bain russe, qu’une terrasse de jardin ou une forêt.
Le jeu confirme, s’il en était encore besoin, la force de l’école du théâtre russe. Mention toute spéciale à Evgueni Mironov qui campe un oncle Vania cynique à force de désespoir et d’amour et à Nadejda Loumpova qui interprète une Sonia, avec toute la détermination d’une jeune personne. Toute ressemblance avec une certaine Greta Thunberg n’est peut-être pas fortuite ! Le rythme est enlevé et les quelques moments de jeu sans parole, autour d’un accessoire, introduisent des espaces comiques bienvenus.
Cet « Oncle Vania », porté par le Théâtre des Nations de Moscou et mis en scène par Stéphane Braunschweig, se range d’emblée parmi les plus belles représentations de Tchekhov qu’il m’ait été donné de voir.