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Rosa Luxemburg Kabarett

Un spectacle produit par le collectif Ondes sensibles (84) et vu au Théâtre des Déchargeurs le 30 janvier 2020.

 

Texte : Viviane Théophidalès

Mise en scène : Viviane Théophidalès

Comédiens : Géraldine Agostini, Sophie de la Rochefoucauld, Anna Kupfer,Viviane Théophidalès, Bernard Vergne

Genre : Théâtre musical

Public : adulte

Durée : 1H40

 

 

C’est en allant voir avec mon amie Anne une conférence théâtralisée au théâtre de la Reine Blanche (théâtre associé au Théâtre des Déchargeurs) que nous avons repéré le « Rosa Luxemburg Kabarett » à venir. Rendez-vous était donc pris pour son prochain séjour parisien.

 

Ils sont cinq sur scène - quatre femmes et un homme – à convoquer les mânes de Rosa Luxemburg. Pour égayer un propos qui aurait pu paraître à d’aucun quelque peu abscons, c’est la forme cabaret qui a été retenue. Mais sur une si petite scène (3 m d’ouverture pour 4 m de profondeur environ), le terme est largement démesuré ! Pour tout cabaret, nous assistons à une succession de tableaux entrecoupés d’interludes (clavier, chant, guitare). Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le décor se réduit à quelques accessoires scéniques : une tringle-paravent, une malle, quelques gros coussins et un banc. Qu’importe au fond : rien n’a plus d’importance à mes yeux qu’un texte et un jeu. Le problème, c’est qu’ils n’y étaient guère davantage, faute de mise en scène.

Le parti pris n'est pas clair. La mise en scène et le texte oscillent entre la narration et l’incarnation ; le passé et le présent. Veut-on raconter la vie de Rosa Luxembourg ou mettre l’accent sur sa pérennité ? De même à force de vouloir montrer la femme humble dans la pasionaria, on tombe dans l’anecdotique. Le jeu de la comédienne donne à voir une petite ménagère ordinaire à la voix trop fluette quand elle n’hurle pas en proie à une quasi démence. Une scène résume à mon sens tous ces dysfonctionnements. Rosa, juchée sur un banc est censée haranguer la foule lors de son célèbre discours de 1891. Outre son manque de charisme, des voix off et peu crédibles lui répondent. N’auraient-ils pas été plus judicieux que ses collègues comédiens se glissent parmi les spectateurs, lui répondent et chauffent la salle ? Dans cette pénible confusion, surgissent quelques moments de grâce : les intermèdes musicaux peuvent être de qualité comme cette belle chanson yiddish « pour tous ceux qui ont froid » ; la scène où Rosa Luxemburg prend congé de la mésange qu’elle a domestiquée le temps de son séjour en prison est drôle dans son jeu tout en pantomimes et sifflements ; enfin la scène où l’une des comédiennes raconte l’histoire de son grand-père communiste n’est pas dénuée d’émotions.

 

« Rosa Luxemburg Kabarett » n’a pas répondu à nos attentes. Créé en 2018, il a tous les défauts d’un spectacle jeune. J’avais vu, il y a quelques années « Rosa, La vie » : dans ce spectacle, Anouk Grinberg lisait la correspondance de Rosa Luxemburg, écrite en prison. Ne serait-ce que par la force du verbe authentique, la comparaison est cruelle.

 

 

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