"En attendant Nadeau"

"En attendant Nadeau"

Correspndance avec la mouette

Un spectacle produit par la compagnie la Cie L’oubli des Cerisiers (75) et vu au Théâtre des Déchargeurs le 18 février 2020.

 

 

Texte : Anton Tchekov et Lika Mizinova

Mise en scène : Nicolas Struve

Comédien : David Gouhier, Stéphanie Schwartzbrod

Genre : Théâtre

Public : Adulte

Durée : 1H10

 

Fan de littérature russe et désireuse de découvrir davantage de petites formes pour l’Adadiff, j’ai donc jeté mon dévolu sur « Correspondance avec la mouette ». Très bonne pioche !

 

Le spectacle met en scène la correspondance d’Anton Tchekhov et Lika Mizinova, alias « la mouette ». Car si nous découvrons l’échange épistolaire de deux amants, nous assistons également aux correspondances entre cette figure féminine à laquelle Tchekhov, malgré la rupture, n’a pas « la force de ne plus […] aimer » et le personnage sublimé dans la pièce éponyme. L’intelligence de la mise en scène réside précisément dans le fait d’assumer pleinement cette dualité.

Le plateau est quasi nu, seulement habité de trois chaises et jonché de liasses de papier, lettres ou manuscrits en cours. Le spectacle s’ouvre sur une petite vidéo en guise d’exposition. Il s’achève sur une autre vidéo où un frère de Tchekhov témoigne de la fraîcheur et de la gaité de Lika. Entre temps, chacun lit la lettre qu’il envoie à l’autre en prenant la peine d’écrire sur les murs noirs, à l’eau, la date et le lieu de la missive et de l’agrémenter éventuellement d’un dessin de circonstance. Le rythme des lectures évolue au fil de l’histoire d’amour et trouve son paroxysme dans deux scènes dansées : celle de l’amour précisément et celle de la dispute. Dualité encore et toujours.

Stéphanie Schwartzbrod campe une Lika digne d’une Nina, lumineuse, spirituelle, profonde et grave. David Gouhier incarne un Tchekhov amoureux, ironique, fort occupé et bien souvent absent.

 

En écrivant la chronique, je réalise que c’est en fait le deuxième spectacle de cette compagnie que je vois avec grand plaisir. « Correspondance avec la mouette » est un spectacle d’une grande finesse, desservi avec talent et qui mérite de faire, comme ce soir, salle comble jusqu’à la dernière, le 29 février.

 

Catherine Wolff

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