Les dodos
08 sept. 2020Un spectacle produit par le P’tit Cirk (29) et vu le 9 septembre 2019 au Monfort.
Crétion et interprétation : Alice Barraud, Pablo Escobar, Basile Forest, Louison Lelarge, Charly Sanchez
Mise en piste : Sky de Sela,Danielle le Pierrès, Christophe Lelarge
Genre : cirque
Public : tout public (à partir de 6 ans)
Durée : 1H25
Enfin le retour en salle ! Masquée bien sûr ! Mais le spectacle vivant vaut bien un masque ! Les retrouvailles s’annonçaient festives avec Le P’tit Cirk. Pour ce troisième opus à mon actif, le P’tit Cirk a largement dépassé toutes mes espérances !
Impossible de résumer ce petit bijou. Sachez simplement que la guitare en particulier et les autres instruments à cordes en général réservent bien des surprises aux corps. Chez « les Dodos », la guitare est objet circassien à part entière et accessoirement instrument de musique : elle est support d’équilibres, d’acrobaties et de pyramides ; elle fait office de massue pour la jongle ; regroupées, elles dessinent la piste de dressage du cheval et le parquet de la danseuse. Seule concession faite aux agrès plus conventionnels, le portique pour portées aériennes et encore : c’est une très jolie structure en fer forgé dont la mise en place est un poème en soi.
Par le jeu intense, les 5 circassiens (4 jeunes hommes et une jeune femme) dressent le portrait de figures archétypales : le porteur, géant timide, qui entonne une java acrobatique avec une toute petite Esméralda, les deux jeunes fringants qui ne reculent devant aucun défi et le clown. Mention spéciale à ce grand jeune homme dégingandé qui n’est pas sans ressembler à Guillaume Gallienne et qui dans son phrasé improbable est capable de faire mourir de rire tout le chapiteau par sa couardise, ses jérémiades et ses maladresses.
La musique originale, portée par trois des circassiens, excellents musiciens par ailleurs, est omniprésente. Les numéros techniques sont de haut-vol. Le collectif est roi et celui qui tente de s’en extraire est dûment rattrapé par le groupe. Les transitions sont soignées et le sens du détail participe à la fluidité de l’ensemble.
Ca vit, ça sue, ça talque, ça endure, ça joue, ça émotionne. Dans le sens de la proximité à la piste, le P’tit Cirk mérite bien son nom. Mais il est grand ! Il contraste heureusement avec ces grosses productions canadiennes qui à force de formatages pour l’international ont perdu leur âme. Le public ne s’y est pas trompé : comme un seul homme, il s’est levé pour ovationner, longtemps, très longtemps.
Catherine Wolff