Le vilain petit canard
19 oct. 2020Spectacle de la compagnie Kronope (84) vu à la Fabrik Théâtre le 16 octobre 2020.
Auteur : collectif Kronope
Mise en scène : Guy Simon
Comédiens : Loïc Beauché, Anaïs Richetta, Clotilde Durupt
Genre : Théâtre
Public : Tout public à partir de 6 ans
Durée : 1h
A la Fabrik Théâtre, l’accueil se fait toujours côté cour. Petits et grands attendent impatiemment d’être placés, crise sanitaire oblige ….
Le spectacle commence dans une cour d’école. Une petite fille et un petit garçon, un nouveau. Il n’a pas de copains encore. Il se trouve laid. Elle aussi le trouve moche. Et elle ne se gène pas pour le lui dire, l’embêter et le rabaisser ….
L’histoire du vilain petit canard est celle d’une cane qui couve trois œufs dont l’un est très différent et d’où va sortir un caneton lui aussi très différent. Rejeté de tous, moqué, tapé, il est contraint de partir loin de sa famille. Ceux dont il croise le chemin ne l’acceptent pas non plus. Il rencontre le rejet, des dangers, la mort, le froid de l’hiver. Un jour de printemps cependant, il regarde son reflet dans l’eau et découvre qu’il est devenu un magnifique cygne, tellement beau que tout le monde va l’admirer.
La mise en scène est – comme dans toutes les pièces du Kronope – virevoltante, décalée, rythmée à en perdre le souffle. Trois acteurs jouent un nombre infini de rôles ; les personnages sur scène se succèdent et ne se ressemblent pas. Les enchaînements sont parfaits et surprenants. Lumière, sons et mise en scène sont en harmonie totale.
L’histoire se déroule dans une superposition d’ambiances, de plans scéniques, d’univers. On voyage de la cour d’école à un conte du siècle dernier, en passant pas la mare aux canards et par d’autres mondes totalement imaginaires. Un intermède en rap rythme ces passages.
Avec des éléments de décor très simples, les acteurs créent des lieux tout particuliers. Ainsi, on nage dans l’eau avec le vilain petit canard, alors qu’il n’y a aucune eau sur scène. Des tissus vont servir à créer un univers glacial avant de se transformer en magnifiques ailes de cygne.
Les détails sont succulents : le chat qui fait des étincelles, le chien qui se perd sur scène, les pattes palmées des canards, l’œuf que pond la poule sous nos yeux, la danse aux éventails. Un grand bravo pour les costumes, qui sont tous plus beaux et ingénieux les uns que les autres.
Ce conte de Hans Christian Andersen est autobiographique et nous amène à faire des parallèles avec nos propres histoires, nos rencontres avec la nature humaine, quelque soit notre âge.
L’histoire – et son interprétation – nous parle de la différence, qui initialement handicapante, devient finalement un atout. Elle nous parle de l’acceptation de soi, de l’acceptation par les autres.
Qu’est-ce que les enfants vont en retenir ? La différence et les comportements cruels qu’elle provoque ? La possibilité de devenir soi-même, de s’aimer et d’être aimé par les autres ?
Quoi qu’il en soit, les jeunes spectateurs ont été captivés, même les moins de 6 ans, et ce tout au long de la pièce. La troupe nous a tous embarqués dès les premières minutes.
A consommer sans modération de 6 à 106 ans!
Maren Scapol