Des nouvelles du Off d'Avignon...
12 janv. 2021Entretien Nikson Pitaqaj, directeur délégué de AF&C - 7 janvier 2021
Pour améliorer la visibilité que nous avons du prochain Festival Off d’Avignon, et suite à la conférence de presse de la FTIA du 6 janvier, il me semblait important d’aller rechercher quelques informations à la source : auprès de l’association AF&C et de ses représentants.
Nikson Pitaqaj, vice président et nouvellement nommé directeur délégué a répondu sans détour à nos questions ( quelques jours avant l’élection du nouveau président, Sébastien Benedetto). Les dates du Off seront donc du 7 au 31 juillet 2021.
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Eric Jalabert : Quelles précisions pouvez-vous apporter sur la gestion du fond de soutien confié à AF&C et qui porte à polémique et quelle est la situation à la sortie de 2020 avec la démission de Pierre Beyffete ?
Nikson Pitaqaj : 2020 est une année triste pour tout le secteur culturel. Une des pires années qu’on ait vécu en France. Nous étions prêts à ouvrir les inscriptions. L’arrivée du covid a tout annulé.
La décision du Président de la République d’annuler tous les festivals commençant avant le 15 juillet a été très dure mais cela a permis de régler la question de la légitimité pour la prise de décision d’annuler le festival.
Très vite, on s’est penché sur la question de l’accompagnement des acteurs du Off. Beaucoup de lieux et de compagnies avaient contractualisé pour 2020 et versé des acomptes. Cela a très vite posé un problème.
Le plan d’urgence (porté par un décret national) a permis le maintien des subventions aux lieux aidés et la mise en place de dispositifs spéciaux pour les autres. Les lieux d’Avignon ont été exclus des dispositifs d’aides pour les lieux non subventionnés et AFC s’est très vite positionné sur une demande d’aide spécifique pour le festival Off. Un fond d’urgence selon des critères fixés par le ministère et s’appuyant sur l’expertise de AFC, a été mis en place assez rapidement. (lien critères : https://fdu-festivaloffavignon.org/reglement-general)
Le remboursement des compagnies qui avaient versé des acomptes a été un critère principal pour l’attribution de l’aide. Cela permettait de mettre les compteurs à zéro entre les compagnies et les lieux, avec possibilité de mise en place « d’avoirs » pour les compagnies qui souhaitaient reporter leur participation en 2021.
Le processus demandait la transmission des budgets, des bilans et comptes de résultats des structures demandeuses, avec à la clé une aide de 10 % des frais fixes des structures. Il y a avait un bonus pour les lieux pratiquant la coréalisation et ceux qui accueillent des compagnies en résidence.
Cela s’est fait via une plateforme en ligne vers le ministère. AF&C bien sur, n’a pas eu accès à ces informations.
Beaucoup de discussions ont eu lieu autour des lieux éphémères, mais il y a eu parfois des divergences et des contestations qui portaient sur des sommes dérisoires.
Au final, 460.000 € ont été versés aux lieux qui en ont fait la demande : Sur les 138 lieux du festival, 59 ont fait une demande et 49 ont été validés. Pour ma part, j’ai relancé personnellement de nombreux lieux pour les inviter à déposer un dossier, mais au final à peine la moitié des lieux a candidaté à ce fond. Pour compléter l’information, AF&C a reçu une aide exceptionnelle de 200.000 € qui a permis de maintenir l’équipe qui œuvre au sein d’AFC.
Nous avons souhaité faire cela en totale transparence et plusieurs commissions ont été faites avec 9 représentants de lieux et les autres partenaires. Les comptes rendus ont été rédigés mais ne sont malheureusement pas rendus public. De plus il y avait également des commissions de suivi pour ceux qui voulaient faire appel. Notre souhait était aussi de proposer des dispositifs d’accompagnement des adhérents sur l’aspect juridique.
[les chiffres accessibles en ligne sur le site de AF&C font apparaître 238 adhérents, dont 61 pour les théâtres (collège A) et 182 pour les structures de production (collège B) - Ndlr]
Pour ma part, je considère que le départ de Pierre Beffeyte est une énorme perte pour AF&C et surtout pour le Festival.
EJ : Comment envisagez vous la réflexion autour de l’édition 2021 et l’avenir du Off à ce jour ?
NP : Cette réflexion s'est mise en place dès l'annulation du festival 2020. Dès avril 2020, AF&C a enclenché une réflexion sur le festival de demain. Cette idée a été portée par le bureau et une consultation publique a été réalisée auprès des professionnels et des publics suivi d'un forum ouvert en présentiel en juillet. Avec 862 propositions enregistrées. Ceci nous a permis d'avoir un bon éclairage des attentes des structures et des personnes impliquées.
Pour 2021, nous avons construit un projet avec un fond solidaire pour aider à 60 % les artistes et les techniciens. Il faut réunir 5 millions d’euros, mais c’était une piste très intéressante. La majorité des partenaires de AF&C sont prêts à soutenir ce projet.
Malheureusement, le temps joue contre nous et nous avons eu quelques freins, à l'extérieur mais aussi au sein même du CA. Le CA est renouvelé par tiers au mois de décembre et nous espérons que la nouvelle composition du bureau et du CA fera aboutir ce projet.
EJ: Pourquoi AFC ne participe pas aux Etats Généraux du Off pour rénover le Off ?
NP : Comme je l'ai évoqué plus haut, nous avons engagés les travaux sur le festival de demain à travers différentes consultations qui sont encore en cours. Malheureusement, la charge du travail de la gestion de la crise 2020 et la préparation de 2021, ne nous permet pas d'être sur tous les travaux initiés par différents groupements. Je rappel que nous travaillons avec tous les partenaires présents au festival off. L'ADN de AF&C a toujours été le rassemblement et l'ouverture à tous ceux qui aiment le festival. Notre force est une organisation et une organisation éclectique. Il y a sans doute beaucoup à critiquer sur le festival off, mais il ne faut pas perdre de vue que ce festival à plusieurs qualité, celui de la diversité et de l'ouverture. Il est en perpétuel mouvement et renouvellement, Le nouveau projet qui est sur la table de travail entend interroger la place de l'art dans la société et son économie, l'espace de discussion est donc ouvert.